Cannabis : les jeunes politiques interpellent leurs aînés

Communiqués de presse

La légalisation de la marijuana en Uruguay et au Colorado, la politique tolérance zéro de Bart de Wever à Anvers, la destruction de plantations clandestines en Wallonie, ces faits d’actualité ont rouvert le débat sur la politique à adopter en matières de drogues. Les jeunesses politiques constatent que les mesures actuelles en Belgique ne remplissent pas leurs objectifs. En effet, aujourd’hui, malgré des lois répressives, le cannabis est la substance psychoactive illégale la plus consommée en Belgique.

Ne nous voilons pas la face, une société sans drogue n’existe pas. Alors pourquoi la nier? Pourquoi consciemment laisser la place à un marché au noir, peu scrupuleux de la qualité des marchandises et donc de la santé des consommateurs? Pourquoi s’enfuir la tête dans le sable et créer une économie parallèle qui se mêle parfois avec la délinquance?

Les Jeunes Socialistes francophones et flamands, les Jeunes MR, les Jong VLD, écolo j, les Jong Groen, les Jeunes FDF et COMAC s’associent aujourd’hui pour que l’Etat prenne enfin ses responsabilités et fasse de la politique des drogues un enjeu de santé publique. Le rassemblement de tous les jeunes investis en politique en Fédération Wallonie-Bruxelles, à l’exception des jeunes CDH et des jong CD&V, montre un consensus large et important qui traduit la réalité des attentes de la jeunesse. Normalement, la détention de la marijuana par une personne majeure est tolérée en Belgique si celle-ci ne dépasse pas 3g. Mais certains bourgmestres, comme celui d’Anvers, décident d’appliquer des politiques plus restrictives, au lieu de promouvoir la prévention. Nous sommes convaincus que les mesures répressives n’amèneront pas une diminution de la consommation d’herbe verte, comme la prohibition de l’alcool aux Etats-Unis dans les années 20 n’a pas empêché à cette époque-là la consommation de boissons alcoolisées. Celle-ci n’avait d’ailleurs jamais été aussi grande que pendant la période de prohibition. L’histoire nous rappelle les ravages des alcools frelatés, la dangerosité des distilleries clandestines et les risques encourus pour la santé dus à la clandestinité et au silence forcé autour des problèmes de consommation.

La levée de l’illégalité sur le cannabis permettrait même de casser les tabous et l’attrait de l’interdit. Les pays légalisateurs n’ont en effet pas constaté d’augmentation de la consommation d’herbes. Les autorités sanitaires néerlandaises ont, elles, relevé une diminution de celle-ci après la mise en Å“uvre de la vente légale de cannabis. Nous sommes jeunes mais pas irresponsables. Nous ne prônons pas une politique de débauche et de déchéance mais justement des choix responsables, en dehors de toute hypocrisie. Fumer est un choix personnel, qui concerne en premier lieu la liberté individuelle du consommateur. Aujourd’hui, d’autres drogues sont légales et personne ne s’en émeut. Elles amènent des risques pour la santé publique, mais nous savons que la meilleure manière de combattre ces risques se fera non par la force, mais par l’information, la prévention, la réduction des risques et un travail sur les causes qui mènent à la consommation problématique de produits psychotropes. Qu’on ne s’y trompe pas. Nous ne minimisons pas les effets négatifs sur la santé, sur la vie sociale et sur l’équilibre psychologique que les drogues peuvent avoir. Ces dangers peuvent être augmentés par l’accoutumance que certaines substances procurent. Nous ne nions pas les dangers mais nous restons persuadés que la politique actuelle rend extrêmement difficile la prévention des risques liés à la consommation régulière.

Aujourd’hui, plusieurs pays européens comme les Pays-Bas, l’Espagne, l’Italie, l’Allemagne mais aussi le Canada et plusieurs Etats américains, ont déjà légalisé l’usage médical du cannabis. En effet, il est prouvé que la consommation du cannabis a des effets positifs sur les personnes ayant un cancer ou des maladies et/ou douleurs chroniques. Par exemple, le cannabis est déjà utilisé dans ces pays avec des résultats positifs pour traiter la nausée et les vomissements associés aux chimiothérapies, l’anorexie associée au sida ou encore pour soulager la douleur et détendre les muscles. Certaines recherches récentes démontrent également que la marijuana peut aussi contribuer à prévenir le cancer. Bon nombre de marijuanas sont de mauvaise qualité, sont le fruit d’expérimentations génétiques ou sont coupées avec des substances chimiques ou naturelles mais nocives pour la santé. La légalisation du cannabis vise, entre autres, à protéger ses consommateurs. Nous souhaitons aussi la mise en place de campagnes de prévention des assuétudes et de diminution des risques. Ces outils pourraient être mis en place grâce à la taxation de la production et/ou de la vente légale de cannabis ou surtout, par un usage différent des budgets répressifs existants. C’est la jeunesse politique qui prend la parole sur un sujet complexe qui mérité un débat serein et non passionné. Nous souhaitons que les partis politiques puissent débattre au-delà des clivages et des enjeux politiciens sur la question avec l’appui de la communauté scientifique.

Notre objectif est de préserver la santé de nos concitoyens tout en étant réaliste. La Belgique a toujours été dans le peloton de tête sur de nombreuses questions de société, la légalisation du cannabis est une avancée importante. Il est temps d’accrocher la locomotive.

 

David Cordonnier : président des Jeunes Socialistes

Lora Nivesse : présidente des Jeunes Mr

Caroline Saal et Guillaume Le Mayeur : coprésidents d’écolo j

Jérôme De Mot : président des jeunes FDF

Aurélie Decoene : présidente de COMAC

Bert Schelfhout : président des Jong VLD

Sanne Doms : présidente des Jongsocialisten

Bram Van Braeckevelt : président de Jong Groen

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