Retour sur | Visite du centre pour demandeurs d’asile MENA

Actions

La Jastrée à Barvaux – 29 juin 2016

Mercredi 29 juin 2016, les membres d’écolo j Huy-Waremme se sont rendus à Barvaux (province du Luxembourg) pour visiter le centre pour mineurs étrangers non accompagnés « Le Jastrée ».

Nous sommes accueillis par Charlotte, qui travaille au centre depuis 6 mois mais qui y était déjà bénévole auparavant. Elle nous présente l’historique de l’endroit. C’était à la base un centre de vacance de la Croix Rouge qui a été transformé en centre pour demandeurs d’asile. Elle était bénévole au temps où c’était des adultes ou des familles qui étaient accueillis dans le centre. C’est avec l’augmentation des arrivées de jeunes sans parents ou tuteurs adultes que l’endroit a été dédié aux MENA1. Du coup, du personnel supplémentaire a été engagé.

Nous abordons également le rôle du centre dans la procédure de demande d’asile. Lorsque les jeunes arrivent en Belgique, ils se rendent tout d’abord à l’office des étrangers (Bruxelles). Ils posent leur demande d’asile et ils sont envoyés dans une centre d’observation. Là, on détermine leur âge, leur caractère, on fait un bilan de santé, etc. Ils y restent environ 2 mois et puis sont ensuite envoyés dans une centre pour demandeurs d’asile pour MENA, le temps de l’aboutissement de la procédure d’asile. Durant cette procédure, les jeunes sont invités au commissariat général aux réfugiés et apatrides pour raconter leur histoire, vérifier si ils sont dans les conditions pour obtenir le statut de réfugié/protection subsidiaire.

À la fin de la procédure, ils reçoivent soit une réponse positive soit une réponse négative. Dans le premier cas, ils peuvent soit rester au centre soit, si ils sont assez autonomes, être envoyés vers des initiatives locales d’accueil. Dans la négative, ils ont le droit de rester au centre jusqu’à leur 18 ans, ils doivent ensuite retourner dans leur pays d’origine.

La plupart des jeunes résidents viennent d’Afghanistan. Sur un total de 35, 3 seulement viennent d’ailleurs (2 de Guinée et 1 de Somalie). Le nombre important d’Afghans s’explique par le fait qu’il y a une guerre qui perdure depuis 60 ans contre les Talibans et que c’est à l’âge de 14-15 ans qu’ils sont enrôlés de force par ce groupe guerrier. Si ils refusent, ils sont menacés de mort. Certains ont vu leur famille ou leur frère se faire tuer.

Ils arrivent donc en Europe seul, avec « l’aide » de passeurs, qui leurs réclament énormément d’argent. Certains tombent, du coup, dans la prostitution ou l’esclavage pour payer leur voyage. Le périple se fait à pied, en bus et par bateau. Ils doivent certainement beaucoup marcher car les activités randonnées qu’organise parfois le centre ne connaissent pas un franc succès !

Beaucoup sont déjà passés par d’autres pays d’Europe, y ont entamé une procédure de demande d’asile mais qui a abouti à une réponse négative. Ils tentent alors leur chance dans un autre pays. C’est le cas Fariboune, qui a 16 ans aujourd’hui, et qui a déjà passé 2 ans en Suède où il n’a pas reçu le statut de réfugié/protection subsidiaire. Le fait de pouvoir entamer des procédure d’asile dans plusieurs pays d’Europe est spécifique aux MENA, pour les adultes, une fois la procédure terminée et en cas de réponse négative, ils doivent quitter l’Europe et rentrer au pays.

Ici, les jeunes sont soumis à l’obligation scolaire. Le centre organise donc les relations avec les écoles afin qu’ils puissent y être scolarisés. Certains vont à Marche-en-Famenne, d’autre à Barvaux et certains vont même jusque Verviers. Le matin, le réveil sonne donc très tôt afin d’être à l’heure pour prendre le train ! Le centre organise également des classes dans l’attente d’une école et durant les congés scolaires.

La vie au centre, c’est comme dans une famille, sauf que ce n’est pas leur famille et qu’il y a un vécu avant qui peut parfois peser lourd.

Des activités sont organisées, une salle de sport est à leur disposition, ils peuvent jouer au foot, eu ping pong, faire des pompes et des abdos, il y a également du bricolage. À côté des moments plus funs, ils ont également des obligations. Tous les mercredi c’est jour du nettoyage des chambres, il y a également les tâches dans les communs. Des règles encadrent la vie des ces ados : le coucher se fait à maximum 22h, ils doivent débarrasser leur table lorsqu’ils ont fini de manger et ils doivent prévenir dès qu’ils veulent sortir du centre, même pour aller s’acheter un paquet de chips au supermarché du village. Un peu comme un enfant doit rendre des compte à ses parents et participer aux tâches ménagères. Et puis en échange de leur service, ils reçoivent un tout petit peu d’argent de poche, rien d’extra-ordinaire, quelques pièces histoire de s’acheter le paquet de chips tant convoité. Mais comme il n’y a pas assez de tâches pour tous, le chanceux qui pourra travailler change chaque semaine. Si ils ont bien nettoyé leur chambre, ils reçoivent également des jetons qui leur permettront d’aller se fournir à la petite réserve du centre, en bics, dentifrice, rasoirs et éponge à récurer. Ce système a été mis en place afin d’éviter le gaspillage

Le centre récolte également les dons de vêtements et chaussures. Ainsi les jeunes peuvent aller se fournir à la collecte. Mais malgré la générosité, il manque toujours de chaussures ou de vêtements à leur taille. Et puis, il faut se rappeler que ce sont des ados. Les styles datant de plusieurs décennies, c’est bien quand il n’y a rien d’autre à se mettre.

Au final, des ados presque comme les autres ! Qui vont à l’école, jouent au foot dans la cour, aiment être bien coiffés et habillés, qui se disputent parfois, ne nettoient pas leur chambre toujours avec bon cœur (mais le font quand même parce qu’il faut). Des ados, mais qui ont amené avec eux un lourd passé de guerre, de peur, de perte de leurs proches.

1Mineur étranger non accompagné

Nos thématiques

Voir toutes les thématiques