COP 21, et après?

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Que faut-il penser de cet accord de Paris?

Une opinion de Nicolas Raimondi, coprésident d’écolo j

12 décembre 2015, les 196 membres de la Convention Cadre des Nations Unies sur le changement climatique (UNFCCC) se sont accordés sur un nouvel accord pour lutter contre le réchauffement climatique, l’Accord de Paris. Un processus qui débuta après l’échec de Copenhague de 2009. Six ans plus tard, que faut-il retenir de ce nouvel accord de Paris? Comment l’interpréter?

Pour un optimiste, le moment est fort. Jamais la communauté internationale n’avait réussi depuis 1992, avec la Convention, à définir un cadre commun. De plus, ce nouvel accord se comprend de manière contraignante sur certains points. Ce samedi 12 décembre, c’est le multilatéralisme qui est en succès.

Pour un réaliste, l’accord conclu n’est qu’une première étape. En effet, les États parties restent souverains pour signer et mettre en oeuvre les nouvelles dispositions. Certes, nous avons un accord, mais celui-ci reste faible pour vérifier sa bonne pratique et son impact réel sur le changement climatique. Si l’objectif de 1,5° est inscrit, les moyens pour y parvenir semblent faibles.

Pour un pessimiste, l’accord ne va rien résoudre. Celui-ci n’est pas assez contraignant, et surtout il ne remet pas en cause notre modèle de société et notre modèle économique. La puissance des lobbys, et surtout de l’économie reste supérieure à celle de l’urgence climatique. Un bel emballage pour un paquet vide.

Pour nous écoloj-istes, le moment est historique. Le Livre de l’Histoire s’ouvre d’une nouvelle page. Plutôt, il s’ouvre d’un nouveau chapitre. Ce chapitre, c’est celui de la coopération internationale pour la défense de notre planète. Davantage, c’est le début d’une nouvelle étape. Loin d’être un point d’arrivée, l’Accord de Paris sonne comme le point de départ d’une nouvelle action collective pour lutter contre le réchauffement climatique.

Les piliers de ce nouveau chapitre sont les suivants : d’abord, avec l’inclusion d’une limitation d’un réchauffement de maximum de 1,5°C, c’est la survie des populations les plus vulnérables qui peuvent être sauvegardées. Fort du principe de différentiation, ce principe de responsabilité commune mais différenciée, ce sont les pays développés qui continuent de mener l’effort. Tant sur la réduction des émissions des gaz à effet de serre, que sur l’adaptation ou encore le financement. L’accord reconnait aussi le rôle de l’éducation dans la lutte contre le réchauffement climatique. Pour la première fois, le concept de Justice climatique est inscrit dans le préambule. Ensuite, pour répondre à la dynamique nécessaire du changement climatique, les pays se sont accordés sur un cycle de révision tous les 5 ans. Cette fois, contrairement au Protocole de Kyoto, l’ensemble des pays de la Convention a accepté l’Accord de Paris.

Si tout bon roman est constitué de rebondissements, l’Accord de Paris en aura également besoin dans son avenir. Les points suivants doivent relancer l’intrigue :

  • L’inclusion des Droits de l’Homme universels. Au-delà d’une mention ambigüe dans le préambule. Les droits de l’Homme doivent être inclus dans les articles de l’Accord et s’inclure dans toute action.
  • Un objectif chiffré de réduction de Gaz à effets de serre aurait dû être inclus, avec une échéance précise.
  • Si l’accord mentionne l’avenir vers une société bas carbone, l’audace aurait voulu un engagement sur une décarbonisation de l’économie et sur un objectif zéro carbone.
  • L’Accord ne mentionne pas l’objectif d’atteindre à partir de 2020, 100 milliards de dollars par an. Ce point est relégué dans les décisions. Heureusement, ces 100 milliards constituent un seuil et les pays sont incités à revoir à la hausse leur participation d’ici à 2025. De plus, les financements et mécanismes sur les pertes et préjudices restent à travailler.
  • Un exploit remarquable pour les lobbies du secteur du transport maritime et aérien. En effet, alors que leur part d’émissions de gaz à effet de serre augmente de manière considérable, ceux-ci ont réussi à s’extraire de l’Accord de Paris.
  • Pour atteindre l’objectif d’un réchauffement de maximum 1,5°, les pays vont devoir revoir leurs objectifs de contribution nationale volontaire. Aujourd’hui, cette trajectoire nous mène à un monde avec +3,7°C. Or, l’Accord prévoit une première révision de ces objectifs en 2023. C’est beaucoup trop tard!
  • L’Accord de Paris garantit la gratuité de la pollution. Sous le lobbying des producteurs de pétrole, l’idée de mettre un prix carbone a disparu.

Voici une liste non-exhaustive des premiers éléments à retenir de l’Accord de Paris. Ce moment historique est en marche, et dès aujourd’hui nous devons continuer d’être les auteurs de notre Histoire. Continuer à revendiquer un monde compatible avec nos valeurs écolo-j-istes. La COP 21 fut l’objet d’une mobilisation citoyenne et associative sans précédent, de quoi apporter un vent d’optimisme sur nos capacités d’actions.

Le changement est en route!

Nicolas Raimondi, coprésident d’écolo j

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