Où est le pouvoir dans l’Union européenne ?

La réponse vous étonnera peut-être mais celles et ceux qui l’ont, ce ne sont pas les « eurocrates » ou les commissaires mais les États-Membres

Au contraire, au Parlement européen et dans une moindre mesure à la Commission, les positions sont plutôt progressistes (la réforme sur les travailleur·euse·s détaché·e·s est proposée par la Commission depuis des années, la réforme pour établir un système d’asile commun, les objectifs climatiques proposés par le Parlement européen, etc.).

Mais d’où viennent donc alors la prolongation du glyphosate, l’absence de réforme sur le détachement des travailleur·euse·s, la non-réponse coordonnée à l’accueil des migrant·e·s ?

Du Conseil, soit des États-Membres. Les positions conservatrices émanent systématiquement des gouvernements nationaux. C’est pourquoi, quitter l’Union européenne ne changera strictement rien en matières sociales et écologiques. Pire, cela pourrait produire des effets extrêmement néfastes dans ces domaines (perte des objectifs climatiques ambitieux [en tout cas plus que les ambitions nationales], des protections des libertés fondamentales, du poids sur la scène internationale [imposer des contraintes à des grands pollueurs se fera par l’UE et pas par la petite Belgique…], de l’initiative citoyenne européenne [qui ne connaît pas d’équivalents nationaux] etc.).

De plus, quitter l’Europe n’évacuera pas les lobbys du pouvoir politique. Au fédéral ou dans les entités fédérées, ils trouveront toujours leur place (à moins qu’une législation ne vienne régulariser leur présence dans les organes de décision). La guerre pourrait en outre très bien revenir : il suffit de voir les quelques paroles et actions de Matteo Salvini, de Viktor Orbán ou des nationalistes allemand·e·s pour le comprendre.

Par conséquent, la question faut-il quitter l’Europe n’a pas lieu d’être. Mais peut-on changer l’Europe ? Oui ! Pour changer l’Europe, il faut intervenir là où est le pouvoir, soit les États-Membres. Si on veut changer l’UE, nous devons changer les pays. Une Belgique écologiste au sein de l’UE disposerait de leviers de pouvoirs beaucoup plus intéressants (Conseil) qu’une Belgique hors-UE (où au contraire, elle devrait subir les actions de ses voisins sans pouvoir les influencer). Même une Commission et un Parlement majoritairement composés d’écologistes ne changeraient pas grand-chose. Le mythe des 80% des lois nationales venant de Bruxelles est bien un mythe. Et même si c’était le cas, les États-Membres auraient encore un énorme poids via le Conseil.

Alors non, il ne faut pas délaisser pour autant les institutions européennes (Philippe Lamberts y fait un incroyable travail) mais si nous voulons réellement changer le système, il faut prendre le pouvoir là où il est. Maintenant, une autre question se pose en Belgique… le pouvoir est-il majoritairement au fédéral à Bruxelles, dans les régions ou même dans les communes ?

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Orian Boël