EWASH et l’eau en Palestine

eau en palestine

Fondé en 2002, l’Emergency Water and Sanitation / Hygiene group (EWASH) est une coalition d’agences humanitaires travaillant ensemble pour coordonner des interventions, répondre aux besoins, partager des informations et défendre la gestion de l’eau dans les territoires occupés de Palestine (West Bank et Gaza)

EWASH

Depuis plus d’une décennie, les membres d’EWASH travaillent avec les communautés palestiniennes pour améliorer l’accès à l’eau et aux besoins sanitaires, tandis que l’occupation israélienne a sévèrement restreint le développement des infrastructures sanitaires, entraînant la limitation de l’accès palestinien aux services basiques. Les interventions d’EWASH comprennent la réhabilitation des citernes d’eau de pluie, l’installation d’infrastructures sanitaires à l’échelle de villages, des programmes de surveillance de la qualité de l’eau et la gestion à petite échelle des eaux usées.

Les membres d’EWASH incluent des ONG locales et internationales, ainsi que des agences des Nations Unies (liste exhaustive sur le site EWASH).

L’Advocacy Task Force (ATF), sous-comité d’EWASH, travaille avec les Palestiniens pour promouvoir leurs droits à l’eau et à son utilisation sanitaire. Fondé en 2009, l’ATF travaille pour influencer les politiques et pratiques d’Israël qui est clairement identifié comme étant l’obstacle principal pour le développement du secteur et des droits palestiniens. L’ATF travaille également avec les rapporteurs des Nations Unies et les journalistes pour les emmener sur le terrain et leur faire comprendre l’impact des actions d’Israël sur l’accès à l’eau pour les Palestiniens.

L’eau en palestine

L’accès à l’eau est un droit humain de base. En Palestine, ce droit est loin d’être acquis. Les accords discriminatoires de partage de l’eau (Oslo II, 1995) et le régime de permis israéliens en place en Cisjordanie (particulièrement en zone C) ainsi que la décennie de blocus sur Gaza, dénie aux Palestiniens le contrôle sur leurs ressources en eau et les empêche de développer des infrastructures sanitaires.

Israël, en tant que puissance occupante, a l’obligation au regard du droit international d’assurer la dignité et le bien-être de la population sous son contrôle. Cela inclut l’accès et la provision de services humanitaires incluant l’eau et les sanitaires. Par ailleurs, les états tiers ont l’obligation au regard de la Convention de Genève d’assurer le respect du droit humanitaire international.

Cisjordanie
En Cisjordanie, le droit d’accéder à l’eau est empêché par deux principaux obstacles :

1) Les accords de partage de l’eau laissent trop peu d’eau aux Palestiniens :
La base d’eau accessible entre Israël et la Palestine est fondamentalement inégale. Les accords intérimaires d’Oslo II de 1995 ont laissé Israël en contrôle presque total de toutes les ressources d’eau partagées, alors que cela était supposé être temporaire. 20 ans plus tard, les ressources palestiniennes demeurent au niveau de 1995 alors que la population a doublé depuis. Les Palestiniens n’extraient pas plus de 10 % des ressources d’eau partagées à cause des restrictions israéliennes sur le développement des infrastructures essentielles et de sa mainmise sur la montagne aquifère. Les palestiniens n’ont également pas d’accès au fleuve du Jourdain, pourtant localisé tout le long de la frontière palestino-jordanienne.

2) Les restrictions sur les planifications en Palestine :
Le droit aux Palestiniens de planifier, développer et maintenir les infrastructures d’eau, dont celles d’EWASH, en regard de leurs besoins pour assurer un développement durable est restreint par le régime de permis israéliens en place qui possède un pouvoir de veto sur toute construction. De plus, en zone C (plus de 60 % de la Cisjordanie sous contrôle d’Israël), un permis de construire de l’Administration Civile israélienne est également requis. Cependant, un tel permis est presque impossible à obtenir : seulement 1,5 % des demandes palestiniennes ont été approuvées entre 2010 et 2014.

Dès lors, les Palestiniens vivant en zone C sont laissés sans autre choix que de construire illégalement sans permis, risquant constamment la démolition. Cela va jusqu’à la possession d’un simple récipient d’eau de pluie.

La situation est d’autant plus troublante que la zone C est un endroit naturel parfait pour développer des infrastructures d’eau telles que le traitement des eaux usées qui ne peuvent être bâtis dans les zones densément peuplées. En 2015, 39 structures EWASH ont été détruites ou confisquées, incluant des latrines, des réseaux d’eau et des citernes. 2016 a vu une augmentation considérable du nombre de structures détruites : entre le début de l’année et le 17 février seulement, presque autant de structures qu’en 2015 ont été démolies (37), dont presque 80 % provenaient des fonds de donneurs. Cela se produit alors que l’Europe et Israël ont entamé un dialogue ayant débuté en septembre 2015 et qui devait amener à un arrêt des destructions. Le pic de démolitions démontre l’absence de volonté d’Israël de respecter le dialogue. Le résultat concret de telles politiques est qu’un Palestinien moyen de Cisjordanie consomme 70 litres d’eau par jour, bien en dessous du minimum recommandé par l’OMS (100 l/j), et que dans les communautés les plus vulnérables de la zone C, la consommation tombe à 20 l/j.

Gaza
1,8 millions de Palestiniens vivant dans la bande de Gaza requièrent le besoin urgent d’une solution durable pour l’accès à l’eau. Les principaux défis auxquels ils doivent faire face sont :

1) Le blocus :
Les reconstructions post-bombardements et le développement du secteur de l’eau sont retardées et même arrêtées par le blocus de plus de dix ans sur Gaza. Ce blocus a été condamné par la communauté internationale comme une forme de punition collective. Comme les matériaux nécessaires ne sont pas autorisés en nombre suffisant et que les Palestiniens ne sont pas capables d’entreprendre librement des constructions, les projets sont retardés sur plusieurs années ou même annulés tout simplement. 46 sur 53 projets d’EWASH sont en attente à Gaza.

Le Méchanisme de Reconstruction à Gaza (MRG) a été créé pour faciliter l’entrée de matériaux pour le développement de la bande, en particulier ceux qu’Israël considère comme pouvant servir à des fins militaires. Des matériaux utilisés pour les projets d’EWASH, 70 % d’entre eux sont considérés comme dangereux ; c’est ainsi le cas du ciment. Très peu de ces matériaux sont entrés à Gaza jusqu’à présent.
100 000 personnes à travers la bande de Gaza sont coupées du système d’eau et 23 % de la population n’est pas connectée au système d’eaux usées.

2) Le conflit récurrent :
La situation déjà difficile de l’utilisation de l’eau a été détériorée par les récents bombardements israéliens, causant approximativement 34 millions de dollars (USD) de dégâts aux infrastructures d’eau.

3) L’épuisement de l’aquifère côtier :
La partie de l’aquifère côtier à Gaza, seule ressource disponible d’eau fraîche, n’est pas suffisante pour servir entièrement les besoins de la population. L’aquifère est surexploité de plus de trois fois de sa capacité durable. Des décennies d’utilisation extrême ainsi que la contamination résultant des eaux usées, des produits agro-chimiques et de l’eau saline mettent l’aquifère en danger de dommage irréparable. 96 % de l’eau extraite de l’aquifère côtier est déjà inutilisable pour la consommation humaine. Les Nations Unies et l’Autorité Palestinienne de l’Eau (Palestinian Water Authority – PWA) estiment que l’aquifère deviendra complètement inutilisable au cours de l’année 2016. 95 % de la population gazaouite dépend de l’eau désalinisée achetée aux vendeurs privés pour la boire ; 68 % de cette eau contient des bio-contaminants, et pourtant son prix tellement élevé a pour conséquence que les ménages les plus vulnérables dépensent jusqu’à un tiers de leur revenu pour en obtenir.

Face au blocus qui empêche les projets de construction d’être menés à bien, aux conflits récurrents détruisant encore et encore les infrastructures vitales et à la très mauvaise qualité de l’eau de l’aquifère côtier, Gaza connaît une crise humanitaire nécessitant une action politique et des solutions urgentes.

Thirsting For Justice

Lancée en mars 2011, la campagne Thirsting For Justice vise à mobiliser les citoyens européens pour demander que leurs gouvernements pressent Israël de respecter le droit international et les droits des Palestiniens.

Les principaux objectifs de la campagne sont :

– D’assurer le respect des droits palestiniens à l’eau et aux sanitaires par Israël, en permettant aux Palestiniens de construire des puits actuellement non autorisés dans l’aquifère occidental, la plus large et productive source d’eau de la Cisjordanie.
– De permettre aux Palestiniens de développer leur infrastructure d’eau, surtout en zone C et à Gaza.
– De veiller à ce qu’Israël doive rendre des comptes pour les violations du droit international, notamment des compensations pour les projets européens détruits.

 

Liens vers la campagne Thirsting For Justice:

https://www.facebook.com/ThirstingForJustice/?fref=ts
http://www.thirstingforjustice.org/?p=2704