Petit lexique de la Palestine

L’analyse des discours des différentes parties impliquées fait ressortir des mots qui sont souvent lourds de sens.

Lors de notre séjour en Palestine, nous avons notamment eu des longs débats sur la différence entre conflit et occupation. Plus récemment, on a vu Macron soutenir l’amalgame entre antisionisme et antisémitisme. Ce lexique non exhaustif est une tentative de partir de définitions pour clarifier le débat tout en assumant leur caractère situé.

Antisémitisme : Racisme envers les juifs.

Apartheid : Ségrégation raciale matérialisée dans l’espace et inscrite dans la loi, référence au système d’Afrique du Sud. [Remarque : Le cas de la rue divisée à Hébron avec le passage pour les Palestinien-ne-s séparé de celui des Israélien-ne-s, en est une illustration].

BDS : Boycott Désinvestissement Sanction, campagne lancée par la société civile palestinienne pour mettre la pression sur Israël.

Clé : Symbole de la résistance des réfugié-e-s palestinien-ne-s en référence à leur maison qui se trouve dans les territoires occupés et qui est parfois leur seule preuve de leur ancien droit de propriété.

Colonisation : Action d’annexion de territoire de facto, notamment via le transfert de population.

Conflit : Opposition entre (au moins) deux parties. [Remarque : L’utilisation du mot conflit est assez lisse puisqu’elle ne fait pas référence aux rapports de forces, déséquilibrés dans le cas de la Palestine].

Déclaration de Balfour : en 1917, la Grande-Bretagne promet au mouvement sioniste un foyer national pour le peuple juif en Palestine.

Ligne verte : Aussi appelée frontière de 1967, correspond au tracé établi lors de la signature des accords d’armistice en 1949. Dans l’expression frontière de 1967, on se réfère au 4 juin 1967, veille de la guerre des six jours et du début de l’occupation militaire de la Palestine.

Sionisme : Idéologie décrite par Herzl à la fin du XIXème siècle qui revendique la création d’une nation juive en Palestine et un retour à la terre sainte pour les juifs. [Remarque: La confusion entre antisionisme et antisémitisme est souvent pratiquée par l’extrême droite et la droite extrême d’Israël. Voir l ’article de Dominique Vidal (2017)] .

Mur de séparation : Appelé mur de la honte ou mur d’apartheid par ses opposants. Il fut édifié à partir de l’été 2002, officiellement pour des motifs sécuritaires. Son tracé ne suit la ligne verte que sur 20% de son parcours. Il englobe plusieurs grandes colonies israéliennes établies en territoire palestinien occupé, ainsi que des milliers d’hectares de terres arables palestiniennes . À certains endroits, le mur s’écarte de plus de 23 km de la ligne verte, à l’intérieur des territoires palestiniens.

Occupation : Contrôle d’un territoire par l’armée. La force militaire occupante y faisant appliquer ses propres normes. Par exemple, l’ordonnance militaire 101 interdit toute manifestation de plus de 10 personnes en Cisjordanie, et ce depuis 50 ans. Cela implique que lors de n’importe quelle manifestation, des Palestiniens peuvent se faire arrêter et juger devant des tribunaux militaires. Face aux tribunaux militaires, les Palestiniens sont dépossédés de leurs droits et la condamnation y est pratiquement certaine (source Amnesty).

Résistance : Une réponse [consciente ou non] des subalternes face au pouvoir, une pratique qui défie et qui pourrait remettre en question le pouvoir (Vinthagen, 2007) [Remarque: des pratiques quotidiennes peuvent être interprétées comme résistance surtout dans une situation d’occupation comme en Palestine].

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GB & Hugo Périlleux Sanchez

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Sources :

MARROUSHI, Nadine, « 50 ans d’occupation israélienne : quatre réalités scandaleuses à propos de l’ordonnance militaire 101 », Amnesty International, 2017.

VIDAL, Dominique. Antisionisme = antisémitisme ? Une erreur historique, une faute politique. Mediapart 17 juillet 2017.

VINTHAGEN, Stellan. Understanding “resistance”: Exploring definitions, perspectives, forms and implications. E-journal. School of Global Studies. Gothenburg University, 2007.

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