Pourquoi désinvestir l’énergie fossile ?

désinvestir l’énergie fossile

Depuis 2010, le désinvestissement est devenu l’un des enjeux de la lutte environnementale.

Alors qu’au début, les campagnes de désinvestissement étaient concentrées sur les campus américains et anglais, de plus en plus d’institutions se lancent aujourd’hui dans cette aventure.

Pour comprendre un peu mieux le phénomène, je suis allé à la rencontre de Frank Vanaerschot, chargé de plaidoyer et de campagne de désinvestissement chez FairFin (équivalent flamand de Financité), une association qui s’occupe de recherches sur la finance éthique et solidaire.

Kaai Theater

Fin 2010, FairFin a lancé une campagne sur le désinvestissement des banques belges dans les énergies fossiles, mais cela n’a pas abouti à une action concrète. Quelques années plus tard, le mouvement a pris de l’ampleur et le milieu associatif a relancé des actions.
Une des actions les plus marquantes est sans doute celle du Kaai Theater, un centre d’art bruxellois engagé mais qui, paradoxalement, était sponsorisé par KBC, une banque qui investit dans les énergies fossiles. Le théâtre a  décidé de lancer une campagne pour le désinvestissement, en créant des sets de table dénonçant les investissements de la banque. Sachant qu’une bonne partie de la clientèle de la cantine du Kaai Theater faisait partie de KBC, l’information a vite circulé. Suite à cela, le président de KBC a dit vouloir désinvestir le secteur des énergies fossiles, mais à titre individuel.

Outil pour les citoyens

Avec le site bankwijzer‧be, FairFin a voulu mettre à disposition un outil pour les associations, les citoyens et les entreprises désireux d’investir dans des fonds éthiques. « Nous avons analysé les politiques d’investissement de différentes banques belges et nous les avons classées en fonction de leurs aspects éthique et social. En plus de cela, nous proposons aux personnes de nous soutenir dans notre plaidoyer en adressant une demande pré-remplie, à titre individuel, aux décideurs politiques et aux dirigeants des grandes banques ».

L’entretien touchant à sa fin, Frank nous donne une bonne raison pour ne pas investir dans les énergies fossiles : « C’est une bulle du carbone : nous savons que pour maintenir le réchauffement global de 2°C, il faut que 80 % des réserves d’énergies fossiles connues jusqu’ici reste sous terre jusqu’à 2050. Mais comme la valeur des entreprises du secteur des énergies fossiles dépend grandement de l’utilisation de ces réserves, leur valeur ne peut que diminuer et faire fuir les investisseurs ».

____

Jean-Michel Muhire