Retour sur | les Rencontres du Nouveau Monde 2016

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Les rencontres des nouveaux mondes ont eu lieu à Bruxelles du 18 au 20 mars 2016. Retrouve ci-dessous un petit compte-rendu des différents ateliers et rencontres

Samedi 19 mars 2016

1) Visites

Parc Maximilien :

Rencontre avec Chloé qui a été l’une des bénévoles organisant le parc dès le début. Témoignage de trois réfugiés qui ont participé à l’organisation du camp.

L’origine du camp, qui se situe juste en face de l’office des étrangers, est à trouver dans les délais d’attente trop longs pour entreprendre les démarches administratives auprès de l’office des étrangers. Des réfugiés arrivaient de plus en plus nombreux et l’administration ne pouvait y faire face (dû à la volonté politique de ne pas augmenter le personnel ou les machine pour prendre les empreintes digitales, notamment). Une file se formait donc devant le bâtiment. Toutes les personnes ne pouvant pas introduire leur demande d’asile le jour même, elles étaient obligées de revenir le lendemain. Ils ont donc commencé à dormir sur place pour être dans les premiers à pouvoir rentrer. Les réfugiés étant de plus en plus nombreux, un camp a commencé à s’installer.

Des citoyens ont donc décidé de leur apporter de l’aide. Petits déjeuners et soupes chaudes au début, l’aide s’est amplifiée. Elodie a alors crée une page facebook pour la plate-forme citoyenne. Le lendemain matin, il y avait 1500 personnes qui s’y étaient abonnées ! Le mouvement était lancé. Commençait alors un vrai défi d’organisation. Tous les aspects de la vie étaient présents : cuisine, école, sanitaires, équipe médicale,…

Le mouvement s’est toujours accordé pour dire que c’était aux politiques que revenait la responsabilité de prendre en charge les réfugiés. Eux n’étaient là que pour combler momentanément le désinvestissement du politique. Parallèlement, les citoyens n’ont cessé de rappeler aux politiques leurs responsabilités. Ainsi, le gouvernement a ouvert 500 lits dans le bâtiment WTC3. Ce n’était pas suffisant. De plus, les règles étaient tellement strictes et les activités quasi inexistantes que les réfugiés préféraient rester au camp. Il a fallu attendre l’ouverture de 1000 places et négocier les règles d’ordre intérieur pour enfin permettre à la plate-forme citoyenne de cesser ses activités.

Aujourd’hui, il ne reste que 60 personnes au WTC3, les réfugié étant bloqués aux diverses frontières de la route des Balkans. Au camp, seul les traces laissées sur le gazon marquent le dressement des tentes autrefois.

Maison des migrants :

Le projet de la maison des migrants est un projet porté par les migrants eux-même. Ce squat se base sur l’expérience passée d’autres squat et est actuellement une belle réussite. Ce lieu se veut un lieu ouvert de rencontres et d’échanges entre personnes de différents horizons mais sur base de projets mis en place par les migrants.

2) Ateliers

Musée du capitalisme :

Le musée du capitalisme souhaiterait s’ouvrir à de nouveaux espaces thématiques. L’une de leurs idées est de proposer un focus sur les liens entre le capitalisme et la migration. Ils nous ont donc proposé de nous associer à la réflexion.

Nous avons d’abord défini les deux termes, capitalisme et migration.

Le capitalisme réfère à une exigence d’accumulation de profit à travers la propriété privée. La marchandisation et les rapports de domination sont d’autres caractéristiques du capitalisme. C’est également tout un imaginaire collectif, une culture, tout un paradigme.

Nous avons défini la migration comme un déplacement de personnes, quittant leur territoire. La migration peut être aussi bien interne, qu’externe, cette dernière supposant le concept de frontières. On parle de migration que d’un point de vue sédentaire.

Notre réflexion s’est portée sur quatre liens possibles entre ces deux concepts :

  1. Marché de l’emploi : on va travailler ailleurs. On se déplace en fonction de l’emploi disponible.
  2. Guerre
  3. Réchauffement climatique
  4. Mondialisation

Exemple de liens :
Profit -> Production -> Ressources -> Matériel -> Guerre -> Migration
Profit -> Production -> Ressources -> Energies -> Fossiles -> Réchauffement climatique -> Sécheresse, etc -> Migration
Profit -> Vendre -> Sortir les pauvres du système -> Migration économique

Causes : MIGRATION
– Economique
– Guerre
– Environnementale

Réflexions :
– Vision de l’enveloppe fermée : l’accumulation n’est pas infinie, on ne veut donc pas que l’autre prenne notre part.
– Les personnes riches peuvent plus facilement migrer.
– Les richesses également se déplacent très facilement à travers le monde.
– Liberté de circulation des biens plus que des personnes.

Institutions européennes : DÉCLARATION UE-TURQUIE 18/03/2016

Objectif : stopper les flux migratoires illégaux.

L’accord prévoit l’échange de personnes arrivées illégalement en Grèce contre un réfugié qui se trouve encore sur le sol turc, cela à hauteur de 72.000 personnes. Au-delà de ce nombre, les réfugiés arrivés illégalement en UE seront reconduits sans contrepartie. Cet accord ne concerne que les réfugiés syriens. L’accueil de 72.000 personnes ne représente seulement que 3% des réfugiés syriens.

L’UE ne renverrait que ceux qui ne veulent pas demander l’asile et ceux qui ne répondent pas aux critères. L’accord prévoit également de transformer les « centres de tri » en « centres de détention », ce qui est illégal.

En bref, l’UE sous-traite la gestion de ses frontières extérieures à la Turquie. Il est également supposé que la Turquie est un pays sûr pour les réfugiés, or la Turquie n’est pas en reste concernant la violation des droits de l’Homme.

Pour cela, l’UE prévoit une enveloppe de 6 milliards donnée à la Turquie, une accélération de la procédure d’entrée de ce pays dans l’UE et une exemption de visa pour les Turcs.

Avec cet accord, l’UE viole les règles internationales et notamment la convention de Genève. Bien que l’accord prévoie des procédures individuelles, on comprend bien qu’ici, c’est en masse que les réfugiés seront reconduits en Turquie et il n’y a aucune garantie de respect de la procédure individuelle. De plus, cet accord évite le débat démocratique. En effet, ce n’est pas encore un texte légal, ce n’est qu’un accord qu’il va falloir transposer en normes juridiques.

Greenpeace :

Greenpeace aide les réfugiés à rejoindre l’île de Lesbos, en Grèce en remorquant leurs bateaux notamment. Greenpeace ne peut pas faire monter les réfugiés sur ses propres bateaux car il pourrait être accusé de passeur, à moins que leur embarcation ne sont en danger.

Dans ce cas, Greenpeace est dans un mode d’action davantage humanitaire alors que ce qui le caractérise, c’est la désobéissance civile.

Sur l’île de Lesbos, l’action est laissée à quelques ONG et groupuscule de citoyens, le politique se désinvestissant de l’action sur place. Cependant, parmi les groupes citoyens, il y a beaucoup d’anarchistes et certains ont des tendances violentes et veulent avoir le contrôle de la prise en charge des réfugiés (si on n’est pas d’accord avec leurs manières de faire, on dégage !).

MENA (Mineurs étrangers non-accompagnés) :

Différents types de MENA, divers raisons amènent les mineurs à quitter leur pays :
– Exploitation (prostitution, …)
– Demande d’asile
– Mandaté par leur famille ou choix volontaire pour avoir un meilleur avenir ou pour les études
– Fugue
– Errants (plus de famille)

Lorsqu’ils arrivent ici, un système de tutorat se met en place. Le tuteur dispose de tous les attributs de l’autorité parentale sur le jeune à l’exception de ce qui concerne le mariage, l’adoption, etc. Il n’a pas le droit d’héberger son pupil. Théoriquement, un tuteur doit être trouvé endéans les 8 jours. Malheureusement, les temps d’attente sont de plus en plus long et entre temps, l’enfant est bloqué dans ses démarches.

Les routes migratoires sont de plus en plus risquées. Le parcours migratoire amène autant de traumatismes que le vécu des jeunes dans leur pays d’origine. Il arrive régulièrement que les familles soient séparées durant le trajet migratoire et les mineurs qui arrivent en Belgique dont de plus en plus vulnérables et traumatisés.

L’accueil des mineurs est le même quel que soit la raison de leur venue, il n’est pas du tout adapté selon la situation. Ainsi, les enfants sont en permanence obligés de revenir sur leur passé et l’expliquer à de nombreuses reprises lors des diverses démarches administratives. Ce n’est donc pas du tout adapté pour ceux qui fuient l’exploitation, notamment.

Croix Rouge :

– Ils sont toujours limités dans leur travail car il y a un paradoxe entre les dispositions légales et leur charte.
– Les centres sont le plus souvent isolés des villes (comme si on voulait cacher les réfugiés).
– Ce sont souvent les personnes avec le plus de moyens qui peuvent migrer pour trouver refuge dans un autre pays. L’implication psychologique de, tout d’un coup, dépendre de la société d’accueil et de devoir « prendre ce qu’on donne » est à prendre en compte. Par exemple, un réfugié qui était très bien nanti dans son pays d’origine, pourra avoir des difficultés à accepter une habitation qu’il pourrait estimer comme dévalorisante par rapport à sa situation passée.
– Problème de l’équivalence des diplômes.

Dimanche 20 mars 2016

Conclusion

L’action humanitaire ne suffit pas, il faut une véritable contestation de la politique menée.

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