Monsieur le Recteur, il est temps d’alléger la matière

Communiqués de presse

Une lettre ouverte au Recteur de l’ULB cosignée par écolo j

Monsieur le recteur, il est temps d’alléger la matière.

Les ponts ne vont pas s’effondrer, les étudiant.e.s, oui.

Monsieur le Recteur,

La situation actuelle est exceptionnelle pour tout le monde et elle n’est pas sans conséquence. Comme le montre l’enquête de l’Institut de Recherche et Société de l’UCLouvain, 52% des belges ressentent un mal-être phsychologique en cette période. Bien entendu, les étudiant.e.s n’échappent pas à ce constat. S’ajoute à ces circonstances, déjà difficiles, un manque de mesures concrètes et communes à toutes les facultés de l’université nous laissant dans l’incertitude quant à l’organisation de la fin de l’année académique et à nos examens. Ce stress accumulé se traduit souvent par un manque de motivation et/ou une diminution de nos capacités de concentration.

De plus, même s’il est vrai que les cours en ligne représentent la seule alternative possible à ce jour, ceux-ci ne peuvent rivaliser face à des cours “classiques”. En effet, certains supports en ligne requièrent plus de temps pour être assimilés que lorsqu’ils sont donnés par un.e professeur.e. Beaucoup d’entre nous se sont retrouvé.e.s uniquement face à des slides accompagnés d’articles pour approfondir la matière. Décortiquer de tels cours prend parfois le double du temps.

Cette crise renforce les inégalités.

Cette situation se complique encore plus pour certain.e.s, car nous ne sommes pas tou.te.s égaux.ales face aux cours en ligne. En effet, nous n’avons pas toutes et tous un endroit calme où travailler, nous n’avons pas toutes et tous une connexion internet de qualité, nous n’avons pas toutes et tous un ordinateur personnel ou un ordinateur tout court, nous n’avons pas toutes et tous non plus la possibilité de travailler toute la journée pour nos cours (certains d’entre nous doivent par exemple s’occuper de leur.s frère.s et soeur.s tandis que leurs parents travaillent).

Ce contexte pourrait mener beaucoup d’entre nous à rater leur année. Cela serait désastreux pour l’ensemble des étudiant.e.s mais encore plus pour le quart d’entre nous qui doit travailler afin de financer ses études ou pour ceux qui ne peuvent financièrement pas se permettre de doubler.
Ainsi pour certain.e.s, un échec représenterait soit une année de plus en situation de précarité, soit la fin pure et simple de leur parcours universitaire. En l’état actuel, cette crise va accélérer la sélection sociale.

À circonstances exceptionnelles, mesures exceptionnelles.

Les autorités universitaires doivent pleinement prendre en compte la situation dans laquelle sont plongé.e.s les étudiant.e.s et prendre des mesures fortes permettant à toutes et tous de réussir. Nous ne sommes pas tous logé.e.s à la même enseigne et la crise exacerbe les inégalités mais nous avons toutes et tous le droit d’avoir une chance de réussir, sans ruiner notre santé physique ou mentale.
C’est pourquoi nous vous demandons l’allègement pur et simple de la matière d’examen et ce, pour toutes les facultés. La matière doit aller à l’essentiel. Et cette mesure ne doit pas avoir de répercussions sur les années suivantes. Car réduire la matière pour faire des années surchargées par la suite aurait les mêmes conséquences sociales. Ainsi que pour celles et ceux qui échoueraient quand même, il n’est pas question de faire de cette mesure un argument pour durcir les recours.

Nous savons que la crainte que cet allègement ait de graves répercussions sur les cursus existe. Mais rassurons-nous, non, les diplômes ne perdront pas leur valeur parce qu’ils sont “amputés” de quelques semaines de matière sur cinq années d’études. Ni les médecins, ni les ingénieur.e.s qui sortiront de l’université dans 5 ans ne seront des incapables. Les ponts de Bruxelles ne s’effondreront pas. Mais si vous ne faites rien, les étudiant.e.s, oui.
Certains départements sautent déjà le pas (comme celui de mathématiques). A quand l’université entière? Nous avons toutes et tous le droit de réussir. Ne faites pas payer la crise aux étudiant.e.s.

Cosignée par :

le Cercle antispéciste
le Cercle des etudiants arabo-européen
le Cercle des étudiants en sociologie et anthropologie
le Cercle des etudiants libéraux de l’ULB
le Cercle du Libre Examen de l’ULB
le Cercle féministe de l’ULB
le Cinéphage
Comac ULB
écolo j ULB
Lâle
l’USE – section ULB

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