Retour sur | Le pouvoir aux citoyens ! Vraiment ?

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Referendum, consultation populaire, budget participatif, etc. : les citoyens sont davantage associés à la prise de décision. Commission européenne, Banque Centrale Européenne (BCE), Fonds monétaire international, etc. : la montée en puissance des pouvoirs d ‘experts non-élus est manifeste.

Vous avez dit paradoxe ? Pire, menace !

De nombreux citoyens pensent que la démocratie ne peut pas se limiter à la désignation périodique de quelques élus. Ils demandent à être davantage associés à la décision politique. En écho à ces revendications, des formes de démocratie participative se développent. Certes, elles sont perfectibles, mais elles répondent à certaines limites de la représentation, en associant le citoyen à la décision.

Parallèlement à ce phénomène, on assiste à une délégation de plus en plus de décisions à des experts. Même si les experts peuvent être utiles, leur intervention devient dangereuse dès l’instant où elle échappe au contrôle politique. C’est notamment le cas lorsque les experts non-élus de la Commission européenne ou de la BCE prennent des décisions qui ne peuvent être amendées par les élus.

Neutralité ?

Le recours à ces experts repose sur le mythe de leur neutralité et une impression de technicisation croissante du débat politique. Or, il est naïf de supposer que sa maitrise technique ôte à l’expert ses convictions politiques. A titre d’exemple, il n’est pas rare de lire des interviews dans lesquelles des experts au passé militant proposent certaines solutions et en taisent d’autres. Il est également dangereux pour nos démocraties de confier certaines décisions à des experts, au motif qu’elles relèveraient de choix purement techniques. Dans une démocratie, toute décision est nécessairement politique, puisqu’elle impose un choix entre (au moins) deux options et que chaque option a des conséquences différentes.

Nous vivons donc un paradoxe. En effet, l’association accrue des citoyens à la prise de décision se double d’une délégation de certaines décisions à des experts. Le paradoxe vire à la menace lorsque, en amont, ces experts prennent des décisions qui réduisent les choix laissés aux citoyens, en aval. Par exemple, on peut douter des processus qui associent les citoyens à certaines décisions concernant leur quartier, lorsque les recommandations budgétaires des experts de la Commission obligent ces citoyens à opter pour la solution la moins coûteuse concernant les finances locales…

Cet article a été rédigé par Michaël Maira pour JUMP, le magazine d’écolo j (Édition n°15 – Processus décisionnels)

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