Retour sur | Rencontre avec Meyrem Almaci et Zakia Khattabi

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Dimanche matin, après une nuit beaucoup trop courte pour certains, écolo j et Jong Groen retrouvent Zakia Khattabi, députée fédérale Ecolo et Meyrem Almaci, présidente de Groen, pour une [sofagesprek], une discussion conviviale disons. Pas d’entrée en matière, on rentre directement dans le vif du sujet  : la démocratie, les critiques qu’elle subit actuellement et les pistes pour y remédier. Dans cet exercice, ce sont les jeunes Verts qui mènent la danse. Voici un petit compte-rendu des réponses de leurs deux interlocutrices…

Interrogées sur la crise de confiance à laquelle notre démocratie doit faire face, nos deux invitées ont insisté sur la nécessité de re-politiser les questions qui agitent la société. Le débat public est actuellement principalement un débat de gestionnaires et de technocrates. Les élus ne doivent pas tout connaître et savoir tout sur tout pour bien faire leur boulot, mais plutôt avoir une bonne capacité de faire du lien avec ceux qui ont de l’expertise, de développer un réseau et des connexions avec la société civile. Leur rôle est politique et non technique. Selon elles, à laisser les discussions aux mains de techniciens, on risque d’occulter complètement certains aspects de la problématique traitée.

Mais avant d’aborder la manière dont notre démocratie fonctionne, elles estiment que le premier défi à relever est de trouver une solution au désintérêt actuel pour la politique et de rétablir le lien entre les citoyens et leurs élus. Zakia nous fait part d’une certaine perte de confiance qu’elle a ressentie de la part de certains de ses précédents collaborateurs (qu’ils viennent du monde associatif ou autre) quand elle est passée du statut de militante à celui d’élue. Il est nécessaire pour les élus d’être actifs sur le terrain, d’aller à la rencontre des gens et de pouvoir créer le lien entre le tissu social et le monde politique. Zakia et Meyrem ont souligné la difficulté pour les partis de faire percoler leurs discours dans les milieux populaires. Elles regrettent que les partis soient déconnectés de la réalité.

Mais est-ce que revoir les « règles du jeu » de notre démocratie pourrait permettre de reconnecter tout un chacun avec le monde politique ? Est-ce qu’un renouveau démocratique est à envisager parmi des formes alternatives de démocratie, comme le tirage au sort ou un recours plus systématique aux consultations populaires et aux referendums ?

Selon nos deux invitées, pas vraiment… Zakia estime qu’envisager un système de tirage au sort est insultant pour nos députés car cela revient à dire aux élus « vous n’êtes pas comme nous ». L’initiative citoyenne du G1000 a, en fin de compte, conclu sur les mêmes propositions que celles avancées par le gouvernement fédéral belge. Meyrem est allée dans le même sens en précisant que, selon elle, il faut travailler à une meilleure représentativité dans le cadre du système actuel et non essayer de changer le système. Celui-ci pourrait pourtant être réformé. Ainsi, elles suggèrent de limiter la discipline de parti en redonnant son rôle au parlement : celui de contrôle de l’exécutif. Elles estiment qu’un député d’un parti devrait pouvoir interroger et mettre en cause des mesures prises par un ministre issu du même parti. Suite aux interrogations des membres quant aux possibles répercussions d’un tel système sur la cohésion du parti et sur l’image renvoyée vers le public, Zakia et Meyrem précisent que l’objectif n’est pas de critiquer pour critiquer mais de ne plus voter en faveur de mesures, sans les questionner au préalable. Les grands clivages internes aux partis devant être réglés dans des espaces de parole au sein même de ceux-ci.

Quant à une augmentation de la participation citoyenne via un recours plus fréquent à des consultations populaires, Zakia et Meyrem sont plutôt partagées. Bien que cela permette de passer outre la particratie, elles rappellent, d’une part, l’importance de garder à l’esprit que la majorité de la population est conservatrice et qu’un travail d’éducation permanente en amont est nécessaire. D’autre part, elles regrettent que ce système binarise fort le champ politique alors que, précisément, les nuances y ont toute leur importance. Elles considèrent donc qu’un recours au référendum peut avoir lieu sur des questions fondamentales mais que des balises doivent être posées et que, par la suite, les pouvoirs publics doivent en assumer le résultat.

Après deux bonnes heures de questions/réponses, que retirer de cet échange ? On peut conclure que, même si les partis verts belges sont bien conscients du fossé ressenti par les citoyens entre leur réalité et le monde politique, les solutions sont à trouver dans une amélioration de ce qui existe déjà et non dans une autre manière de faire. De quoi faire retomber sur terre, ceux qui avaient rêvé d’une démocratie réinventée durant ce weekend automnal.

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