Palestine : Chronique d’une mort annoncée

Communiqués de presse

Pendant toute une semaine, nous, écolo j et Jong Groen, avons sillonné la Cisjordanie à la recherche de témoignages et de réponses à nos questions. Nous y avons été témoins du déséquilibre flagrant dans ce que l’on appelle communément le « conflit israélo-palestinien ». Il faudrait plutôt parler de « colonisation et d’occupation israélienne de la Palestine ». Avec les Jongsocialisten, nous appelons aujourd’hui d’une seule voix la commission des Relations extérieures à condamner la politique d’apartheid menée par l’Etat israélien et à soutenir le mouvement BDS sans équivoque.

Vendredi matin, 4 novembre. Au loin, nous entendons l’appel à la prière du vendredi matin. Nous nous trouvons face au Mur, au-delà duquel nous apercevons une grande colonie bien installée et une autre en pleine construction à quelques centaines de mètres de là. La nouvelle venue a clairement les mêmes ambitions que sa grande sœur.

Nous sommes à Bi’lin. Bi’lin, c’est l’un de ces nombreux villages palestiniens où le Mur fait un zigzag et dépasse allègrement les limites fixées par la Green Line. Nous nous préparons pour la manifestation imminente. Depuis des années, les habitants du village manifestent chaque vendredi pour récupérer leurs terres, illégalement annexées par Israël. A l’approche du Mur, nous assistons, impuissants, à la démonstration de force aussi ridicule qu’inutile de l’armée israélienne. Une énorme voiture blindée équipée de lanceurs de gaz lacrymogène et des soldats de part et d’autre de l’engin font office de comité d’accueil. Les soldats portent évidemment des armes, et elles sont chargées de balles réelles. Il y a quelques temps, le parlement israélien a approuvé une loi qui permet aux soldats israéliens de tirer sur tout lanceur de pierre. Voilà ce à quoi nous faisons face, forts d’un groupe d’une trentaine de manifestants avec comme seules « armes » quelques drapeaux palestiniens et nos voix. Les « Free Free Palestine » retentissent pendant un temps. En quelques mots, voici l’une des nombreuses expériences vécues et ressenties du déséquilibre flagrant entre les Israéliens et les Palestiniens : leurs balles réelles contre les pierres des Palestiniens, les énormes grenades lacrymogènes contre nos voix à tous. C’est précisément ce déséquilibre qui nous a incités à suivre la voie des habitants de Bi’lin et à donner de notre voix. On en a marre.

Les Accords d’Oslo, périmés depuis bien longtemps

Chaque jour de notre voyage nous aura dévoilé des rouages supplémentaires de l’apartheid mis en place par l’Etat israélien en Palestine occupée. Beaucoup se réfèrent inlassablement aux Accords d’Oslo des années 90, mais il était prévu à l’époque de limiter leur application à 5 ans. Pourtant, la police et l’armée israéliennes sont toujours présentes en nombre dans la majeure partie de la Cisjordanie. Leur présence s’est même renforcée au fil des ans, ce qui est en contradiction totale avec les engagements pris dans le cadre des Accords d’Oslo.

La Vallée du Jourdain est un exemple significatif de l’accaparement israélien de terres appartenant aux Palestiniens. 95% de la région fait partie de la zone C. Dans les faits, cela implique que les Palestiniens n’y ont pas accès aux ressources naturelles telles que l’eau et les terres agricoles et qu’ils ne peuvent pas y construire ni rénover des maisons. Les Israéliens, pour leur part, s’en donnent à cœur joie. Ils se ménagent le droit de construire des colonies, d’exploiter des usines et d’y installer des bâtiments militaires et ils en profitent. Dans la Vallée du Jourdain comme ailleurs, la zone C leur est très profitable : le sol y est très fertile. Tous les gains acquis dans ce cadre sont illégaux en vertu de la Quatrième Convention de Genève (article 39) qui interdit le déplacement de population du pays occupant dans le pays occupé, Israël et la Palestine dans ce cas-ci.

Il est grand temps de réagir

Quoi qu’il en soit, Israël poursuit sa politique de colonisation et des caravanes arrivent chaque jour sur d’autres parties du territoire, signe annonciateur de l’installation d’une nouvelle colonie. Les Palestiniens ne restent malgré tout pas les bras croisés. Ils sont tous, chacun à leur manière, des résistants. To Exist is To Resist. Malgré leurs positions et modes d’action parfois très différents, tous les interlocuteurs rencontrés sur place s’accordaient à affirmer leur soutien au mouvement Boycott, Divest and Sanction, plus connu sous le nom de BDS. Il prône d’abord le boycott d’Israël et des entreprises internationales israéliennes qui participent d’une manière ou d’une autre à la violation des droits des Palestiniens. BDS plaide en outre pour le désinvestissement de l’argent placé en Israël et dans ces mêmes entreprises. Sanction consiste enfin à exercer une forte pression sur Israël en suspendant la coopération militaire et les accords de libre-échange conclus entre les pays occidentaux et Israël et en les excluant des forums internationaux tels que la FIFA. Pas question donc d’un boycott individuel, et encore moins d’une mesure antijuive. Il s’agit tout simplement du boycott d’un Etat qui a instauré un régime d’apartheid. BDS est une mesure simple, non-violente et efficace. Sinon, pourquoi est-ce qu’Israël assimilerait tous les partisans de BDS à des ennemis de l’Etat ?

C’est aujourd’hui précisément qu’un débat doit avoir lieu sur une résolution sur la Palestine dans la Commission Relations extérieures du Parlement fédéral. Nous nous réjouissons bien entendu que les députés prennent cette problématique au sérieux, mais nous espérons surtout un résultat concret. Avec les Jongsocialisten, nous, écolo j et Jong Groen, appelons donc d’une seule voix nos parlementaires à condamner la politique d’apartheid menée par Israël en territoires palestiniens et à soutenir BDS sans équivoque. Comme l’a d’ailleurs si bien dit Sama Jbar durant notre voyage : « Si on interdit BDS, qu’est-ce que fait encore le monde pour la cause palestinienne ? Laisserons-nous mourir les Palestiniens à petit feu ? »

 

Signataires :

Belinda Torres-Leclercq & Stefanie De Bock (co-présidentes de Jong Groen)
Esther Ingabire & Nicolas Raimondi (co-présidents d’écolo j) et Gil Boutaher (coordinateur du Groupe de travail Palestine et représentant international pour écolo j)
Aaron Ooms (président des Jongsocialisten)

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