Les pleurotes fort de café !

Les machines à café modernes sont de plus en plus embêtantes : quand il ne faut pas remplir de réservoir d’eau ou vider l’eau sale, c’est le marc de café qu’il faut évacuer !

Y’en a marre de ce déchet

Et quand on est addict à cette boisson (ou simplement étudiant en blocus qui n’a pas prévu assez large), ça devient un entretien terrible. Ceux qui ont eu la chance de retenir les conseils de leur grand-mère savent que le marc plaît beaucoup aux rosiers qui y trouvent un engrais excellent.

Ils ne sont pas les seuls à y trouver une richesse là où beaucoup voient un déchet. En effet, c’est en 2014 que Martin Germeau et Martin François débutent un projet original d’économie circulaire : le marc de café de cafés bruxellois servira dorénavant de snack aux pleurotes !

Le pleurote est un champignon basidiomycète, comme la plupart des champignons comestibles. Il pousse à l’état naturel sur des souches d’arbres morts où il apprécie ce qui fait la rigidité du bois : la lignine et la cellulose. Ces deux éléments présents dans presque tous les végétaux font du café un candidat remarquable pour le titre de produit recyclable et revalorisable de la tasse à l’assiette, et sans passer par le lave-vaisselle !

Tout un spore

Avant d’arriver au menu, il y a plusieurs étapes. Le marc de café est récolté à vélo tous les matins et amené ensuite dans les locaux de PermaFungi situés dans les caves de Tour & Taxis – une façon originale de les mettre en valeur !

La première étape se nomme inoculation

C’est la mise en contact du café avec le mycélium (« semence » de champignon) qui est au repos, mais affamé. Bon appétit !

La deuxième étape, l’incubation

Se déroule en chambre noire et correspond à la digestion de notre ami. Le mycélium colonise alors tout le substrat, qui devient blanc. Tout est prêt pour la dernière étape.

La fructification

Elle débute lorsque le champignon subit un choc. Chez nous, on le change de salle, et il est alors exposé à une humidité importante, de la lumière et une bonne ventilation. Il s’agit de réveiller le cuistot car on commence à avoir faim ! Après une bonne semaine, les champignons sont prêts. A table !

C’est quoi votre adresse ? Je vous envoie mon café alors !

Merci beaucoup ! Mais le café doit être récolté dans les 24 heures après être passé dans la machine pour éviter toute contamination. En effet, les conditions de travail sont très strictes en termes d’hygiène car même si nous aimons les champignons, ils restent des indésirables ! (Rassurez-vous, nous avons des réductions chez Daktarin qui nous vend sa gamme anti-mycose à moitié prix1).

Certains auront tout de même envie d’essayer à la maison alors : c’est aussi possible grâce à PermaFungi qui propose des kits tout faits et des Fungi Pop ! Les kits contiennent un substrat préalablement digéré par le mycélium : offrez-lui un verre (d’eau) et il vous remerciera en champignons. Quant au Pop, il se nourrit du café que vous lui donnez ! C’est très sympa à faire à la maison,  à l’école,  en maison de retraite, en camp scout, au bureau ou un autre endroit insolite.
Possible aussi à faire entre amis : un atelier de découverte, visite de la production et confection d’un kit à ramener chez soi ! Une activité très branchée.

Évidemment toutes les informations sont à trouver sur le site web www.permafungi.be

Et on y est bien dans ses mokkassins

PermaFungi est également une société à finalité sociale puisqu’elle accueille un personnel dont le parcours n’est pas toujours impressionnant pour un chef d’entreprise, ouvrant ainsi les portes à une réinsertion dans le marché du travail.

Pour ma part, je suis stagiaire en bioingénieur et je compte parmi l’équipe depuis maintenant deux mois. J’en ai vu des verts et des pas mûrs, et si au début je me sentais comme un petit schtroumpf tout perdu, je me sens maintenant vraiment comme à la maison.

logpermafungi

 

___

Louis Van Geertruyden
Etudiant en bioingénieur (ULB)

 1. Ceci est bien sûr de l’humour, nous sommes tous en bonne santé, et nos pieds aussi.