Discours : Migrant·es, toustes égaux/égales ?

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NDLR : Lors de l’année scolaire 2023-2024, Arthur a rédigé cet essai oratoire dans le cadre de la préparation d’un tournoi d’éloquence organisé par son école à Waremme. Parmi les nombreux sujets proposés, il a choisi celui de l’immigration, il nous fait part ici du texte énoncé lors de sa prise de parole.

Madame la professeure, che·res camarades, cher·es ami·es.

Je viens vous poser une question : pensez-vous que les migrant·es, ces gens qui fuient la guerre, la misère, ou que sais-je encore, pensez-vous que ces gens sont pris au sérieux ici en Belgique ? Ou même plus largement, en Europe ? Moi je suis prêt à vous affirmer que non. Iels ne le sont pas.

Si je vous parlais des pauvres Ukrainien·nes qui fuient l’attaquant russe depuis plusieurs mois, il y a foule pour les accueillir. À tel point que le gouvernement a décidé d’offrir une indemnité aux Belges qui accueilleraient des Ukrainien·nes chez elleux. C’est très bien, me direz-vous, d’aider les plus démuni·es. Mais qu’en est-il des autres ? Oui, les autres ! À ces mots, vous m’entendez déjà dire : « Et nos SDF belges alors ? ». Mais non, je n’allais pas prendre cette voie. Ce que je veux vous dire aujourd’hui, c’est que des migrant·es, il y en avait déjà bien avant la guerre en Ukraine. Celleux à qui la commune de Waremme a attribué un bois. Oui, un bois. Celleux qui ont traversé la Méditerranée en bateau surchargé, qui ont sûrement aussi tout perdu, tant des objets que des proches, celleux qui, aussi, ont fui les bombes. Celleux-là, et voilà le problème : iels sont différent·es. Le voilà le mot dur, je vais le dire : iels souffrent pleinement du racisme. Là, le peuple s’indigne, on entend des : « Moi, raciste ? Certainement pas » ou encore des « Je ne suis pas raciste hein, mais quand même, faut me comprendre ». Car oui, la différence entre les Ukrainien·nes et les Syrien·nes, Somalien·nes, Erythréen·nes, ou d’où qu’iels viennent, c’est que les Ukrainien·nes, elleux, sont blanc·hes et chrétien·nes. Alors, on peut bien les accueillir, puisqu’iels sont comme nous.

N’avez-vous jamais entendu quelqu’un dire : « Oui mais les migrant·es, iels ont des téléphones et tout, donc c’est qu’iels ne sont pas si pauvres que ça ! ». Et ici se trouve mon deuxième argument. En plus de souffrir du racisme, voilà que la société les accable de préjugés. Des gens pensent d’elleux qu’iels viennent voler nos emplois et nous rendre chômeureuses. Si je n’avais pas de limite de temps, je suis sûr que je pourrais vous en parler pendant une heure. Or, voici déjà le moment de clôturer mon discours.

Nous sommes toustes immigré·es, il n’y a que le lieu de naissance qui change.

J’ai dit tout ce que j’avais à dire, ou presque, mais si vous ne deviez retenir qu’une seule chose, retenez celle-ci : nous sommes toustes immigré·es, il n’y a que le lieu de naissance qui change. Merci.

 


– Arthur Legan