Pas de changement de cap sans changement de PAC

L’histoire est connue… Deux sénégalais se disputent sur le marché de Dakar. Le premier reproche au second de ne pas vouloir acheter le poulet qu’il a produit.

Le deuxième lui explique que sur l’étale d’à côté, le poulet est moitié moins chez cher. Surpris par cette différence, il va demander au vendeur comment il arrive à avoir des prix si bas.

Ce dernier lui explique qu’il n’a pas produit ce poulet, qu’il se contente de le vendre, qu’il vient directement d’Europe.

Cette histoire, c’est celle d’une mondialisation dérégulée. Qui asphyxie les producteurs et productrices du Sud, ruine celles et ceux du Nord et s’attaque à nos écosystèmes. Les causes sont évidemment multiples. Nous allons nous intéresser à l’une d’entre elles : la Politique Agricole Commune (PAC).

Mais la PAC, qu’est-ce que c’est ?

La politique agricole commune remonte à la naissance de l’Union Européenne et coordonne principalement les subventions en matières d’agriculture. Elle représente près de 40% du budget total voté pour la période 2014-2020.

Les conséquences de cette politique ?

Comme l’Europe produit plus qu’elle ne consomme, elle exporte ses produits largement subsidiés vers les pays du Sud. On en revient à nos paysan·ne·s, comme la viande vendue est moins chère elle empêche une rémunération juste. Et souvent, les gens qui n’arrivent plus à se nourrir migrent en masse vers les grandes villes et créent souvent des bidonvilles.

En plus de déséquilibrer les rapports Nord-Sud, la PAC soutient principalement les grosses exploitations et empêche aux plus petites de subsister. Savez-vous que 25% des exploitations agricoles de l’UE ont disparu entre 2005 et 2016 ? En plus elle ne prend pas du tout en compte les limites de notre planète et bien d’autres choses encore.

La question n’est donc pas doit-on changer de modèle ? mais comment ?

Il faut soutenir une agriculture et une alimentation équilibrées, une rémunération décente des personnes qui nous nourrissent, des modes de production respectueux des contraintes imposées aux vivant‧e‧s. Soutenir les petites et moyennes exploitations agricoles. Préserver la santé de la terre, des producteur·rice·s et des consommateur·rice·s. Garantir des produits locaux et de saison, des prix accessibles à tout le monde.

Parce que la transition ne sera réussie que si l’on change de fond en comble notre système alimentaire !

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Arthur Lambert