Élections, l’édito

Quelques mois après les élections communales, voilà maintenant l’heure de renouveler les parlements fédéral, régionaux, communautaires et européen !

L’occasion de nous interroger sur les différents systèmes politiques avec un focus sur le nôtre, traditionnellement appelé démocratie représentative.

Quand on pense au concept de démocratie représentative, on pense d’abord au suffrage universel. C’est-à-dire au droit de vote sans distinction de race, de sexe, de statut social et de richesse. Mais toutes les personnes qui ont le droit de vote ont-elles le moyen pratico-pratique de l’exercer ? Je ne vais pas faire durer le suspense… la réponse est non.

Dans une démocratie dite représentative, la participation citoyenne est loin de se limiter à des bulletins placés dans une urne. Elle s’exprime également dans la rue par exemple. Les jeunes et très jeunes générations nous le rappellent chaque semaine. Et notre organisation ne manque pas de prendre part à ces mobilisations organisées par une catégorie d’âge nommée l’âge ingrat. Ingrat ? Si les adolescent·e·s qui sèchent pour le climat sont ingrat·e·s vis-à-vis de notre gouvernement qui « a fait beaucoup mais n’a peut-être pas assez expliqué ce qu’il a fait » pour le climat (Charles Michel), alors il faut croire qu’en tant qu’écolog(j)istes, on y reste longtemps, dans l’âge ingrat. Signalons que les jeunes pour le climat de Belgique ont eu le mérite d’inspirer des jeunes du monde entier, notamment en Algérie, un pays où la démocratie n’est encore qu’un très vague concept.

Qui dit démocratie représentative, dit élections. Qui dit élections, dit programme électoral. Et à ce niveau-là, tous les partis se mettent au vert, la plupart le font subitement, comme par magie. Ou disons plutôt qu’ils aspirent à attirer les électeurs et électrices qui s’inquiètent pour le futur de la planète. Seulement voilà, sans remettre en cause l’impératif de croissance économique, le réchauffement climatique s’accélérera, c’est inévitable. Les partis écologistes, eux seuls ont des programmes qui s’attaquent aux causes de ce dernier, que sont nos modes de production et de consommation. Mais le programme ne fait pas tout : il y a aussi la campagne. Et c’est qu’en matière de campagne électorale, il y a du changement ces dernières années. Du changement qui met à mal la démocratie. En effet, les nouvelles technologies permettent une utilisation accrue de nos données personnelles, rendant les campagnes ciblées plus faciles pour les partis politiques. Dans la course à l’électorat, les moyens utilisés changent. Du coup, protéger la démocratie, c’est aussi mettre en place de nouvelles règles concernant la protection des données.

Après les élections, il y a aussi les négociations, surtout dans un système proportionnel comme chez nous. Faire un bon score électoral et aller dans la majorité, ce n’est pas tout, encore faut-il pouvoir bien négocier les mesures prises.

Une démocratie représentative, c’est un système où les élu·e·s du peuple sont les personnes qui ont le pouvoir et œuvrent dans l’intérêt du peuple. Or, pour Arnaud Zacharie, secrétaire général du CNCD-11.11.11, la démocratie libérale a contribué à créer la mondialisation néolibérale et elle est en devenue malade. En effet, depuis plusieurs décennies, les intérêts des lobbys et les négociations d’accords commerciaux, parfois empreintes d’un certain néocolonianisme, passent avant le respect des intérêts de la population actuelle et future. Les pouvoirs politique et économique se mélangent, et sont constitués majoritairement de puissants hommes blancs capitalistes. C’est notamment le cas au niveau de la Politique agricole commune de l’Union européenne, néfaste pour les producteurs et productrices du Sud, du Nord, comme pour les écosystèmes.

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Restons dans le domaine économique mais revenons un peu plus terre-à terre. Alors que certain·e·s très riches ont la main mise sur des accords politiques qui leur permettront de s’enrichir encore, d’autres, qui par exemple galèrent pour se chauffer l’hiver – ou même pour simplement avoir un logement décent ou juste pour manger – sont à la merci de choix politiques. Ainsi, percevoir ou non un revenu du CPAS peut dépendre de la majorité communale en place. Des personnes préfèrent d’ailleurs ne pas le demander, par manque de confiance envers l’État de droit mais aussi envers elles-mêmes.

Finalement, pour se faire entendre quand la démocratie vacille, faut-il s’exprimer avec une certaine radicalité ?
Bonne lecture !

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Jéromine Gehrenbeck, rédac’ cheffe