Éviter l’avion en faveur du train ? Pas si facile (pour le moment en tout cas)

Cet été, je me suis lancé un défi: Visiter six villes dans trois pays européens différents sans recourir à l’avion. Serait-il possible de me déplacer uniquement en train ? 

Les bienfaits du train par rapport à l’avion sont nombreux: plus spacieux et confortables; les paysages sont bien plus intéressants que des nuages sans fin; la durée des voyages est souvent comparable à celle en avion, si l’on considère le temps perdu dans les aéroports; voyager léger n’est pas une condition, la franchise de bagages étant souvent équivalente à : si vous êtes capables de les porter, amenez-les; et finalement c’est bien plus écologique, une priorité pour moi.

Cependant, le voyage en train porte une contrainte remarquable : le prix du ticket par trajet. Les billets ne sont abordables que s’ils sont réservés des semaines, voire des mois, à l’avance. Et cela sans compter les innombrables promotions des compagnies aériennes qui semblent tomber du ciel toutes les semaines. Dans ce contexte, comment encourager la mobilité durable alors que l’avion, plus polluant, est plus accessible financièrement ?

Ne perdez pas espoir, des solutions existent pour rééquilibrer le système ! Voici trois pistes à poursuivre:

1. Un secteur aérien qui paye le prix plein

A l’heure actuelle, les compagnies aériennes ne paient pas d’impôt sur leur consommation de kérosène (le fiscal direct. Cependant, l’Union européenne est sur le point d’y remédier, ayant récemment proposé la mise en place d’un taux de taxation minimal pour ce carburant très polluant. C’est maintenant aux États européens d’approuver à l’unanimité cette nouvelle mesure, chose malheureusement plus facilement dite que faite.

De même, il faudrait en finir avec les subsides pour le secteur aérien, tels que ceux accordés au fabricant Airbus ou à la construction de nouveaux aéroports, ainsi que le soutien apporté par les pouvoirs publics en cas de crises, comme on l’a vu avec la pandémie du covid-19. Ces avantages et sûretés ne favorisent nullement une transition vers une mobilité durable et ne font qu’encourager le business-as-usual.

2. Un skyscanner pour train

En Europe, il y a un choix assez limité de trains sur une même ligne, puisque chaque pays a effectivement un (quasi-)monopole d’une compagnie sur son réseau. Le résultat pour les voyages internationaux de longues distances: un parcours fracturé en plusieurs petites étapes qui coûte souvent très cher.

Ceci je m’en suis rendu compte personnellement cet été. Pour voyager de la capitale polonaise jusqu’à Bruxelles, il est impossible d’acheter ses billets sur un seul et même site. Il est indispensable non seulement d’augmenter les alternatives ferroviaires, mais également de créer une plateforme permettant de comparer ces différents trajets et d’acheter des billets de trains en quelques petits clics.

3. Une meilleure communication

Il faudrait redonner la gloire aux voyages par chemin de fer. Le programme européen Discover EU tend à offrir un pass interrail gratuit à plusieurs milliers de jeunes âgés de 18 ans, permettant ainsi la découverte du continent à travers une mobilité plus saine et locale. De telles politiques rendant le train accessible devraient être étendues davantage vers d’autres types de populations pour véritablement montrer les bienfaits du train.

Toutes ces mesures sont à prendre à l’échelle européenne puisque le développement de la mobilité durable nécessite la coopération internationale. A titre d’exemple, on ne peut qu’applaudir la récente politique française visant à interdire les vols courts si une alternative par voie ferrée existe en moins de deux heures trente. Mais puisqu’elle ne touche que le territoire français, cette politique n’a aucun effet sur les nombreux vols transfrontières.

Et donc, qu’en est-il de mon défi cet été ?

J’ai pu profiter du train pour la majorité de mes trajets. Mais malheureusement, parcourir Bordeaux-Cracovie était difficilement atteignable par le rail et je me suis laissé tenter par l’un de ces vols à quelques euros.

Tant que le système ne change pas, ce sera bien difficile d’encourager une vraie mobilité écologique.

Julien Tate-Smith