La campagne internationale Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) a été lancée en juillet 2005, par 172 organisations, forces syndicales et associations palestiniennes.
Cette initiative fait suite à l’avis de la Cour Internationale de Justice, en 2004, qui rendait illégale l’édification du Mur israélien. Voici un extrait de cet appel international :
« Nous, représentants de la Société Civile Palestinienne, invitons les organisations des sociétés civiles internationales et les gens de conscience du monde entier à imposer de larges boycotts et à mettre en application des initiatives de retrait d’ investissement contre Israël tels que ceux appliqués à l’Afrique du Sud à l’époque de l’Apartheid. Nous faisons appel à vous pour faire pression sur vos États respectifs afin qu’ils appliquent des embargos et des sanctions contre Israël. Nous invitons également les Israéliens honnêtes à soutenir cet appel, dans l’intérêt de la justice et d’une véritable paix. Ces mesures de sanction non violentes devraient être maintenues jusqu’à ce qu’Israël honore son obligation de reconnaître le droit inaliénable des Palestiniens à l’autodétermination et respecte entièrement les préceptes du droit international ».
Force est de constater un appel répétitif au respect du droit international par les Palestinien-ne-s, comme c’était le cas des accords d’Oslo en 1993. Pourtant, ceux-ci sont considérés comme un échec aux yeux de tous les Palestinien-ne-s que nous avons rencontré-e-s : la période transitoire consacrée par les accords d’Oslo en vue d’atteindre une situation à deux États viables vient d’atteindre sa 24ème année et la colonisation de la Cisjordanie s’accélère d’année en année.
La Déclaration de principes, signée à Washington le 13 septembre 1993 entre Yitzhak Rabin et Yasser Arafat
Cette déclaration instaure un mode de négociations en posant une base pour une autonomie palestinienne temporaire de 5 ans pour progresser vers la paix. Cette stratégie de négociation en vue de l’application du droit, de paix contre les territoires a toutefois subordonné la satisfaction des droits nationaux palestiniens à la sécurité d’Israël. Et depuis le déclenchement de la seconde Intifada en 2000, le processus d’Oslo est en état de mort cérébrale.
La différence avec la campagne BDS
Passer de l’affirmation des droits des Palestinien-ne-s à une condamnation du non-respect par Israël de ces droits et du droit international. Israël n’a jamais respecté le droit international et doit être sanctionné, mais, puisque les États ne le font pas, c’est à la société civile du monde entier de sanctionner l’État sioniste.
Délivrer un message politique
Il ne s’agit plus aux Palestinien-ne-s et à Israël de respecter leurs engagements et d’arrêter les violences comme s’ils étaient co-responsables du conflit, mais de délivrer un message politique : le principal obstacle à la paix est la violation continue par Israël du droit international. Au cours de notre voyage, nous avons été témoins de nombreuses violations, toutes plus humiliantes et violentes les unes que les autres : la menace d’expropriation depuis 1991 pour les Cisjordanien-ne-s de la zone C et, pour les Jérusalémites, le non-respect du droit au retour des réfugié-e-s, le contrôle des déplacements palestiniens à l’intérieur de la Cisjordanie entre les trois zones et au sein même de certaines villes comme Hébron, les exécutions extrajudiciaires, l’emprisonnement d’enfants de plus de douze ans pour crime à portée nationaliste, le tir à balles réelles sur tout lanceur de pierres, la destruction de nombreuses habitations et commerces palestiniens pour raisons de sécurité, le contrôle sans partage des ressources agricoles et hydrauliques au détriment des Palestinienne-s, en particulier Les accords d’Oslo et la campagne BDS dans la vallée du Jourdain, les détentions administratives ne nécessitant pas de motif aux yeux de la justice israélienne et renouvelables indéfiniment, les conditions cruelles et inhumaines de détention des prisonnier-ère-s palestinien-ne-s, les constructions de colonies se transformant rapidement en de véritables villes. La liste est loin d’être exhaustive.
Le succès de la campagne
Le succès est tel que l’État sioniste l’a désigné comme une menace existentielle et consacre du temps, de l’énergie et beaucoup d’argent pour contrer le mouvement international, conscient du danger qui le guette alors que, d’après les partenaires sud-africains de BDS, le boycott d’Israël se développe beaucoup plus rapidement que ne s’était développé le boycott de l’Afrique du Sud de l’Apartheid à ses débuts.
Jusqu’à présent et contrairement aux accords d’Oslo, force est de convenir que la nouvelle approche palestinienne du droit international fonctionne à merveille.
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Simon Watteyne