L’or bleu ne porte que trop bien son nom en Palestine

Rarement au centre des débats, les restrictions d’accès à l’eau imposées par Israël à la Palestine sont l’une des formes les plus insidieuses de l’occupation,

malgré les obligations que se doit de remplir l’occupant israélien en vertu du droit international humanitaire.

Le manque d’eau chronique est apparu au grand jour plusieurs fois durant notre voyage en Cisjordanie et en particulier dans la Vallée du Jourdain, où les zones verdoyantes israéliennes côtoient les terres arides et désolées palestiniennes.

D’après Amnesty International, la consommation d’eau journalière des Palestinien.ne.s en Cisjordanie s’élève à 70 l/pers

C’est donc 30 litres de moins que les 100l préconisés par l’OMS et 4 fois moins que celle des colons de la région (environ 300). Avec une telle consommation, impossible de subvenir à tous les besoins ni de permettre à l’agriculture de fleurir. Les problèmes des Palestinien.ne.s sont multiples : d’abord, l’accès aux nappes phréatiques est très inéquitable puisque les Israélien.ne.s s’accaparent 80% de l’eau de ces nappes. En zone C, la zone de la Cisjordanie sous administration israélienne (60% de la Cisjordanie), les Palestinien.ne.s doivent en outre demander l’autorisation aux autorités israéliennes pour construire ou réparer des infrastructures, qu’elles n’accordent que dans 3% des cas. Par conséquent, les Palestinien.ne.s doivent se résoudre soit à acheter de l’eau à un prix exorbitant issue des réserves accaparées par Israël, soit à construire ou à rénover sans autorisation. Malheureusement, les infrastructures construites de la sorte, parfois financées par l’aide humanitaire internationale, sont bien souvent détruites : 205 infrastructures palestiniennes, dont des citernes et des réservoirs d’eau, ont subi ce sort rien qu’entre 2011 et 2013.

Une résilience à toute épreuve

Face à ces problèmes qui touchent autant la Cisjordanie que Gaza (où 95% de l’eau courante est impropre à la consommation), les Palestinien.ne.s que nous avons rencontré.e.s font preuve d’une résilience à toute épreuve. Malgré tous les efforts consentis par Israël pour les chasser des territoires occupés, iels réparent et construisent sans relâche ces infrastructures indispensables à leur survie, déterminé.e.s à ne jamais quitter leurs terres. Il est temps que cette résistance porte ses fruits, et que la Palestine puisse enfin vivre dignement et jouir de tous les droits de la personne, bafoués depuis si longtemps dans cette région.

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Lucas Bernaerts