Les attaques aux couteaux ou la résistance désespérée

Sans se connaître, Emad à Hebron et Jessica Devleiger de la Palestinian Circus School à Birzeit nous ont partagé des témoignages

qui nous ont permis d’apporter un regard critique vis-à-vis du traitement médiatique des attaques aux couteaux.

À Hebron, nous avons rencontré Emad. Notre guide nous a emmené-e-s chez lui et, pour éviter le check point, nous sommes passée-s par les jardins, à travers des murets et des grilles. En arrivant chez Emad, nous apprenons qu’il est recherché par l’armée israélienne, et que nous devons être discret-e-s.

Un jour, il a été appelé pour venir filmer une scène d’arrestation dans le centre d’Hebron

Jusque-là, rien d’exceptionnel pour lui… mais la personne arrêtée semblait être blessée par terre. [Il nous montre la vidéo]. On voit la personne immobile, mais vivante, par terre, entourée de soldats israéliens. Là, un soldat pointe son arme vers le palestinien à terre et l’abat froidement alors qu’il était inoffensif.

La seconde rencontre est celle de Jessica Devleiger. Elle nous raconte qu’un jour, en allant vers Jérusalem, elle a été coincée dans les embouteillages. En allumant la radio, Jessica apprend que la ville est bouclée à cause d’une attaque au couteau. Elle apprend quelques jours plus tard qu’il s’agissait en fait du fils d’une amie à elle… et le cousin de la personne qui s’était fait tirer dessus à Hebron et qu’Emad avait filmée ! Désespéré, ne voyant plus d’issue après la mort de son cousin, le jeune décida de se suicider en attaquant un soldat au couteau à Jérusalem. Il a reçu plusieurs balles qui l’ont paralysé à vie. Il est, aujourd’hui encore, en prison.

Le soldat Elor Azaria

Le soldat qui a tué le jeune à Hebron a été finalement conduit devant un tribunal, mais il a reçu un soutien populaire et politique énorme. Le premier ministre Netanyahu a été jusqu’à demander sa grâce. Ce meurtre a été jugé comme légitime et salutaire par une partie de la société israélienne.

Ces deux témoignages nous ont permis de relativiser le traitement médiatique classique de ces attaques aux couteaux et de les resituer dans un contexte d’une jeunesse désespérée face à une situation ultra violente, injuste et qui paraît sans issue. Encore une fois, la disqualification par le terme d’action violente, sans comprendre ce qui pousse les jeunes à commettre ces actes, fait le jeu de la puissance occupante.

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Hugo Périlleux Sanchez

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Photo prise lors d’une manifestation de soutien au soldat Elor Azaria pendant de son procès (Photo : Jack Guez/AFP)