Aujourd’hui, je suis allée visiter un ami. Il attend son procès depuis 4 ans en prison
Je me suis levée à 5h du matin, j’ai mangé, me suis lavée et habillée. J’étais prête. J’ai pris un bus, puis un train, puis un autre train et encore un bus. Puis j’ai marché 3 Km. Quatre heures et trente minutes de trajet en transport en commun plus tard, je suis arrivée aux portes de la prison. C’est certain, l’accessibilité n’est pas la qualité première des centres pénitentiaires.
Je suis rentrée dans le bâtiment. On m’a demandé ma carte d’identité. Je l’ai donnée. Je suis passée au détecteur, ça a sonné. J’ai enlevé ma ceinture et je suis repassée sous le détecteur. Ça n’a pas sonné. On m’a conduite jusqu’à la salle de visite. C’était rempli. J’ai aperçu, au loin, une table disponible. Je m’y suis précipitée – OU PAS ! Après avoir enjambé une dizaine de personne et rampé sous autant de tables, j’y suis arrivée ! Vous êtes ici. BREF, je suis allée visiter un ami en prison… “Par ici” “Par là” “A gauche” “A droite” “Suivez le guide”
Les deux enfants du détenu d’à côté étaient empilés sur ma chaise, je suis restée debout. Mon ami est arrivé. Le gardien qui l’accompagnait a fait dégager les deux autres enfants du gars de l’autre côté, assis sur la chaise qui était réservée à mon ami. Il s’est assis, moi je suis restée debout. 200 détenus, une salle de visite de 25m², 21 tables de 40 sur 40cm, 42 chaises, 5cm d’espace entre chaque table et 4 visiteurs par détenus… La logique spatiale de la prison !
On a parlé – ou plutôt crié pour s’entendre – une petite heure. Il a dû retourner dans sa cellule. Je suis repartie. On m’a rendu ma carte d’identité. J’ai marché puis j’ai pris le bus, puis le train, un autre train et encore un bus. Je suis enfin arrivée chez moi, fatiguée, éreintée, mais contente d’avoir vu mon ami.
Bref, j’ai visité un ami en prison !
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Vanie Roelandt