L’aide sociale sous pression

Au moment de la crise sanitaire, certains relais se font entendre vis-à-vis des plus précaires de notre société. Que cela soit le secteur associatif ou l’ensemble des CPAS, les services de l’aide alimentaire, mais aussi du sans-abrisme, sont débordés…

La situation actuelle se définit par les professionnels·les par une crise sociale préexistante. Il y a des années que ce public précarisé existe. Ces précaires avaient – et ont – un soutien trop maigre par rapport à leurs besoins vitaux quotidiens.

Le confinement du covid-19 a eu quatre impacts non négligeables sur le terrain

1) Une grande partie de l’aide alimentaire est réalisée par les associations dont les bénévoles sont âgé‧e‧s. Il s’agit donc d’un public à risque et le confinement aura eu raison de leur dévouement. Des Banques Alimentaires aux associations caritatives de distributions de colis, les énergies manquent pour subvenir aux besoins de l’aide alimentaire.

2) Le confinement aura – étant donné ses restrictions imposées – fait fermer une grande partie des soutiens implantés pour l’aide alimentaire. Nous parlons ici plus précisément de centre d’accueil de jour et des restaurants sociaux. Ces services jouent un rôle essentiel pour les bénéficiaires notamment grâce au point de relais d’informations, de soutien alimentaire et de suivi régulier des usager·es (le repas fourni à midi ou le rôle de suivi de l’assistant social pour le dossier au CPAS par exemple).

3) Le confinement aura été la goutte de trop pour certaines personnes fragilisées. Que cela soit par une coupure du salaire étant donné le travail précaire ou l’absence de contrat de travail tout simplement, par la fermeture de certains services (toxicomanie,…), par le traitement ralenti du suivi des dossiers auprès des CPAS. À Ixelles par exemple, les maraudes sont passées de 30/jour à 120/jour et les distributions de colis de 80 à 160 colis/semaine. Les SDFs sont plus nombreux·ses et de nouvelles têtes viennent d’une situation devenue intenable en terme de logement suite au confinement.

4) Les personnes précarisé‧e‧s le sont davantage avec la situation actuelle. En effet, la fermeture de tous les commerces, y compris de l’horeca, entraîne des répercussions sur le quotidien de ces personnes : impossibilité de faire la manche, de trouver des sanitaires fonctionnels, iels sont d’autant plus pourchassé·es par nos services de l’ordre et du nettoyage,… La liste est longue concernant l’ensemble des embûches rencontrées à la suite du confinement.

Par suite de cette situation, des mesures et améliorations de services ont été mises en place

Initiées par les services publics, les associations d’aide alimentaire, de soins, et d’autres soutiens citoyens, ces mesures sont nombreuses :

• Réquisition d’hôtels pour les SDFs,
• Multiplication et augmentation des maraudes effectuées
• Mise à disposition de douches et sanitaires
• Initiatives citoyennes sous forme de dons, maraudes, distributions de colis, solidarité de voisinage, etc.

La coordination reste difficile – étant donné le peu de moyens – mais aussi à cause de la crise sociale perpétuelle. Les acteurs‧trices de l’aide alimentaire et du sans-abrisme tentent de joindre les deux bouts depuis longtemps, et encore plus maintenant, mais aussi, surtout, pour s’assurer que les plus démuni·es auront un meilleur soutien sociétal après cette crise sanitaire.

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Guillaume Henin