Endiguer la précarité énergétique

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Lorsque l’on parle de précarité énergétique on pense souvent à l’énergie du logement (électricité, gaz et mazout) !

Cette réalité recouvre pourtant aussi la question de la mobilité. Cependant, je me focaliserai sur la précarité énergétique au sein du logement. Question déjà bien assez vaste pour un si petit article !

La précarité énergétique recouvre une multitude de réalités : incapacité à payer ses factures soit car les revenus sont trop bas, soit la consommation est trop importante et ce pour diverses raisons, auto-privation, …

La Constitution énonce le droit à un logement décent (article 23). L’accès à l’énergie en fait partie mais est loin d’être assuré. En 2013, 18,5% des ménages belges se retrouvaient dans une situation de précarité énergétique « objectivée » (Baromètre de la précarité énergétique 2015, Delbeke B. et Meyer S.).

Nous pouvons dès lors nous poser la question de l’intérêt pour les consommateurs de la libéralisation des marchés du gaz et de l’électricité (2007), biens de première nécessité, lorsqu’on sait que depuis celle-ci les prix n’ont pas diminués et la complexité s’est grandement amplifiée pour les citoyens !

Attention, l’utilisation rationnelle de l’énergie est dans toutes les bouches. « Ils ont des difficultés pour payer ? Regardons avec eux comment réduire leur consommation ! » STOP ! Loin de moi l’idée qu’il n’est pas important que TOUS nous réduisions notre consommation d’énergie. Mais cet effort n’est pas réservé aux personnes en situation de précarité ! De plus, la réduction ne doit pas se faire au détriment d’une vie décente. Attention à l’auto-privation. Et non, la diminution de la consommation (via le changement de comportement des consommateurs) n’est pas l’unique solution à la précarité énergétique ! Veillons dès lors à ne pas être encore dans un discours de responsabilisation des ménages !

Il est grand temps de rénover le bâti ! La qualité médiocre des logements engendre une surconsommation particulièrement problématique pour les ménages en situation de précarité. Pour cela, des mesures politiques sont nécessaires aussi bien pour le parc public que privé. Et attention, la priorité doit se faire au niveau du parc locatif et des propriétaires pauvres. D’autres mesures sociales sont bien évidemment à mettre en œuvre comme par exemple l’élargissement du droit au tarif social.

Lutter contre la précarité énergétique, c’est aussi permettre aux citoyens de comprendre le marché, de connaître leurs droits et d’activer ceux-ci ! Il faut donner aux consommateurs les outils nécessaires que pour pouvoir faire des choix éclairés. Choisir son fournisseur ? Difficile quand on sait combien il y en a et la multitude d’offres qu’il y a sur le marché !

A l’heure des panneaux photovoltaïques et d’autres projets d’auto-production, il est nécessaire de réfléchir à une juste répartition des coûts de réseau. Si nous ne collectivisons pas la production, les coûts de réseau devraient peut-être sortir de la facture d’énergie et ce pour éviter ce que nous vivons actuellement, c’est-à-dire, des coûts redistribués non pas sur tous les consommateurs qui en bénéficient mais bien uniquement sur ceux qui n’ont pas eu la possibilité d’installer des panneaux photovoltaïques (une des raisons de l’augmentation de la facture d’énergie) !

Je terminerai par ceci: une des questions centrales reste comme pour bien des domaines celle des ressources des ménages (ou des coûts des biens et services nécessaires à une vie digne) ! A quand une redistribution des richesses ???

N.B : Plus assez de place pour en parler ici mais allez vous renseigner sur le projet de compteurs intelligents… un danger pour le droit d’accès à l’énergie et notre vie privée !!!

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Lisa Joseph