« Osons le féminisme » quand on est un homme. C’est tout le défi pour mieux éduquer les jeunes aux réalités des identités de genre. Les ouvrages sont nombreux, les idéologies et luttes apportent des regards et des courants très différents.
Les luttes féministes, des droits des femmes en Belgique
C’est également de nombreuses luttes qui varient d’un État à l’autre, d’un collectif à l’autre ainsi que des politiques pratiquées dans chaque pays, région du monde.
Avec son indépendance en 1831, la Belgique se dote d’une Constitution censée garantir les grandes libertés modernes. Mais l’application d’un système de suffrage censitaire, exclusivement masculin, exclut près de 98% de la population : les classes laborieuses, les étrangers et les femmes qui sont d’ailleurs, depuis le code Napoléon de 1804, reléguées au rang d’éternelles mineures et privées de leur capacité juridique.
La première vague révolutionnaire de 1848 renforce le phénomène, cantonnant les femmes aux seules tâches maternelles et ménagères, tout en laissant la sphère publique uniquement aux hommes.
Alors que l’obtention du droit de vote pour les femmes est LA revendication un peu partout en Europe, en Belgique, la priorité est l’égalité économique et civile. Les objectifs s’affinent en abolissant la puissance maritale et en fondant le droit de la famille sur le principe de l’égalité entre les époux, en concédant aux femmes de faire un honnête usage de leurs facultés et en rendant accessibles à tous, sans distinction de sexe, les métiers, les emplois, les professions, les carrières industrielles et autres, enfin, en reconnaissant aux femmes une part d’intervention dans la gestion et le règlement des intérêts publics.
Sur le plan économique, les premières campagnes menées par les féministes concernent « les demoiselles de téléphone », l’État belge impose un examen de recrutement pour des postes de téléphonistes, quasi impossible à réussir, ceci dans le but de ne pas engager de femmes. Les « demoiselles de magasin » concerne quant à elles la loi qui autorise, en 1905, les vendeuses à s’asseoir à leur caisse.
Durant l’entre deux guerres, les mouvements se multiplient. Au sein des partis politiques également, les groupes de féministes s’organisent mais sans défendre réellement l’émancipation féminine. L’objectif recherché est davantage l’encadrement des femmes devenues électrices communales à partir de 1921.
Sur les dossiers de société entre les deux guerres, il faut constater que les combats féministes de l’époque sont encore bien actuels, alors que le suffrage universel démarre en 1919, les revendications concerne l’égalité civile et juridique, l’égalité économique et l’opposition aux attaques contre le travail des femmes. Sur ce dernier, les arrêté royaux préconisent une diminution de 25% du traitement des femmes fonctionnaires lorsqu’elles épouses des fonctionnaires, l’exclusion du droit aux allocations de chômage pour les femmes mariées, l’arrêt de recrutement de tout agent féminin dans la fonction publique, si ce n’est pour le service de nettoyage, …
Après la deuxième guerre mondiale, il faut remarquer que les associations gagnent du terrain. Ces associations, issues de mouvements politiques et liées à des enjeux économiques et politiques, parviennent à faire adopter certaines de leurs revendications.
Les avancées technologiques, dont celle liées aux tâches domestiques, favorisent l’ensemble de la vie quotidienne. Celle des femmes aussi connaît de nouvelles réalités : il est temps de libérer du temps pour les femmes et de leur donner accès au salariat. Alors que le taux d’emploi ne fait qu’augmenter, les associations de femmes réclament désormais l’égalité formelle entres femmes et hommes en matière de droits politiques, civils et économiques.
Entre 1950 et 1960, les femmes accèdent aux métiers de la magistrature, au notariat et aux carrières diplomatiques. En 1976, la réforme des régimes matrimoniaux rend effectif l’égalité entre les époux.
En 1969 une autre lutte pointe le bout de son nez…
Parler de luttes LGBTQI+, c’est rendre visibles des personnes qui par leur identité de genre et orientations sexuelles ont été ou sont encore discriminées par le reste de la société, guidée par des normes : une vision binaire et/ou cisgenrées
binaire : stéréotype qui définit l’expression de l’identité sexuelle à celle attendue par la société (homme-femme / masculin-féminin)
cisgenres : les personnes qui s’identifient au genre qu’on leur a assigné à la naissance
Les combats sont quotidiens et, encore aujourd’hui, être femme, être homo, bi, trans*, intersexué‧e ouvre la porte à de nombreuses discriminations. Le point commun porte essentiellement sur des notions d’identités de genre, sur la représentation sexuelle des personnes et sur les représentations du passé. Il faut le reconnaître l’homme, le masculin voire le sexe mâle a toujours joué un rôle pionnier dans la domination. Peut-on parler de domination de l’homme blanc ici en Belgique ? Dans un sens oui, dans un sens non. Il faut remonter dans l’histoire de l’immigration. Aujourd’hui sans distinction d’origine raciale, les médias et certaines associations se focalisent particulièrement sur un problème de la classe masculine.
Dans les années 50 et 60, il y avait un « mouvement homosexuel » aux USA et en Europe. Des hommes en costumes trois pièces et des filles en tailleur manifestaient « dignement » et demandaient des droits pour des gens qui « étaient peut-être déviants » mais qui étaient « respectables ». Il y avait également des bars cachés et des endroits de rencontres, semi ou tout à fait clandestins.
Le Stonewall Inn à NY était principalement fréquenté par des travestis, chose qui était interdite aux USA. La police organisait dès lors des descentes dans le bar. En 1969, la police s’apprêtait à casser du travesti… Cette année était particulièrement chargée en actualité aux USA, les mouvements de masses et de lutte contre la guerre, pour l’émancipation des personnes de couleurs noires prenaient de l’ampleur, les homosexuels ne pouvaient pas rester à côté. C’est alors que naît la « bataille des sacoches », les hommes étaient en talon aiguille et en robe. C’était clairement la guerre de la police contre le droit des homosexuels.
Dix ans plus tard en Belgique, des associations lesbigay radicales, du côté flamand, estimaient qu’il fallait une Pride en Belgique, ainsi est née la « Rose Zaterdag » à Anvers. Suivirent les premières revendications au début des années 90 : loi interdisant les discrimination sur base de l’orientation sexuelle et reconnaissance des relations entre personnes du même sexe. En 1995, à la première Pride nationale, les partis francophones étaient absents. Il faut noter qu’AGALEV (ex GROEN) était bien présent. A l’époque, l’image véhiculée par les médias était bien peu positive, montrant uniquement des masses de muscles huilés en string, entourées de travestis. En 2000, Bruno De Lille (GROEN) devient Échevin de l’Égalité des chances à la Ville de Bruxelles, la Pride prendra dès lors plus de place et plus de visibilité. La Pride marque essentiellement la volonté de se rassembler, de fêter les luttes et de regarder vers l’avenir. Dès 1999, de nouvelles revendications sont sur la table : une loi anti-discrimination, la reconnaissance du couple, l’adoption par des personnes de même sexe, la visibilité des discriminations en Russie, Iran, la législation non-discriminatoire pour les personnes transgenres et intersexué‧e‧s, le droits des demandeurs d’asile LGBTQI+, …
En 2016, un sondage UNIA et IVOX ont tenté de démontrer la perception sociale des homos/bisexuel et les attitudes envers les personnes LGB, ceci malgré un cadre législatif favorable et une acceptation sociale qui évoluent positivement. 47% des sondés masculins disent expliquer clairement à leurs fils que les relations hétérosexuelles représentent la seule norme, contre 26% des femmes interrogées. Des femmes semblent aussi moins gênées par l’orientation sexuelle de leurs collègues puisqu’elles sont 23% à aller plus facilement demander de l’aide à un collègue homosexuel en cas de problème, alors qu’ils ne sont que 9% des hommes. Une majorité de femmes (60%) déclarent ne pas pouvoir être ami avec une personne homophobe alors que 45% des hommes n’y voient pas de problème.
L’histoire des grandes lois belges depuis Stonewall (1969)
Les thématiques sociales, économiques, politiques et environnementales sont nombreuses en Belgique. S’il faut en retenir cinq, il faut retenir la famille, les mouvements de femmes et le féminisme, les droits reproductifs et sexuels, l’emploi et la sécurité sociale ainsi que la citoyenneté.
2015 : la co-mère d’un enfant devient mère sans aucune formalité si elle est mariée avec la mère biologique
2014 : choix des parents du nom de famille de leurs enfants ; durée du séjour en hôpital prise en charge par l’INAMI suite à un accouchement rabotée
2012 : la co-mère a droit au même congé que les pères
2012 : toutes les écoles en FWB doivent suivre l’EVRAS (Éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle)
2009 : lors des élections régionales, la loi impose la présence d’un représentant de chaque sexe aux deux premières places de chaque liste.
2008 : convention collective de travail sur l’égalité des rémunérations entre les travailleurs masculins et féminins rendue obligatoire à tous les secteurs
2007 : procédure de divorces simplifiée et accélérée
2007 : loi anti-discrimination
2006 : légalisation de l’accès à l’adoption pour les couples de même sexe
2003 : légalisation de l’accès au mariage entre personnes de même sexe
2002 : parité sur les listes électorales ; article 10 de la constitution revue : l’égalité des femmes et des hommes est garantie
2000 : charte des droits fondamentaux de l’Union Européenne reconnaissant un ensemble de droits personnels, civils, …
1994 : les listes électorales ne peuvent compter plus de deux tiers de candidats du même axe
1993 : création du Centre Interfédéral pour l’égalité des chances, aujourd’hui devenu UNIA
1991 : diminution drastique le droit à un complément de chômage pour les travailleurs à temps partiel involontaire
1990 : dépénalisation de l’interruption volontaire de grossesse, instauration de l’assurance maternité
1990 : suppression de l’homosexualité sur la liste des maladies mentales par l’organisation mondiale de la santé
1989 : la loi réprime le viol entre époux
1988 : suppression du cumul des époux et introduction du quotient conjugal
1984 : la loi protège les droits successoraux du conjoint survivant
1978 : la loi impose l’égalité totale de traitement entre les hommes et les femmes
1975 : convention collective de travail sur l’égalité salariale
1973 : levée de l’interdiction de l’information et la publicité pour la contraception
1972 : premier grand rassemblement lors de la « journée des femmes » en présence de Simone de Beauvoir
1971 : suppression de la référence au sexe dans la réglementation du chômage
1969 : la loi interdit aux employeurs de licencier une femme pour cause de mariage ou de grossesse
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Sources
M. BOËL et C. DUCHÈNE, Le féminisme en Belgique 1892-1914,…
Histoire de la Pride par Chile Deman
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Xavier Wyns