Son handicap se vit une première fois dans son regard et une deuxième fois dans le regard de l’autre

handicap, temoignage

Mon handicap, je le connais depuis toujours. C’est cette jambe de fer qui se substitue à la jambe que je n’ai jamais eue, qui me porte et m’accompagne partout. Et pourtant, j’ai mis du temps à comprendre ce que c’était ou ce qu’était un handicap tout simplement.

Je l’ai vécu (et le vis encore) comme un fait. De la même manière que mes yeux et mes cheveux sont bruns, ma jambe gauche n’existe pas.

Mais ce que je vois comme un fait est vu comme une différence dans le regard des autres. Je ne peux pas vraiment le leur reprocher; après tout l’esprit humain est conditionné au conformisme, tant social qu’anatomique. En médecine, la symétrie du corps est comprise comme le signe d’une bonne santé.

Alors ne vous inquiétez pas, je vois vos regards surpris dans la rue ou le métro et la panique dans vos yeux lorsqu’ils croisent les miens. Je vois vos regards désolés, gênés ou pleins de questions que vous tentez discrètement de cacher derrière un GSM, un journal ou une paire de lunettes. Rassurez-vous, je ne vous en veux pas et je n’en veux pas à vos enfants qui, naïvement, me posent toutes sortes de questions.

Mais ce que je ne pardonne pas, c’est l’infantilisation et la pitié que certain.es m’adressent avant même de chercher à comprendre qui je suis. Je ne compte plus le nombre de Tu es fort car si j’étais comme toi, je me serais suicidé.e et les grossières tentatives de m’encourager face à la plus petite des tâches comme on le fait pour un enfant de 2 ans. Votre empathie part peut-être de bonnes intentions, mais elle ne vous confère en aucun cas le droit de me manquer de respect et de me réduire à l’handicapé. Certes, mon handicap a très certainement influencé mon vécu et mon expérience de la vie. Mais face à la personne que je suis, celui-ci devient si petit.

Car je suis tant de choses comme vous tou.te.s. Je suis frère, je suis fils, je suis rêveur, je suis poète, je suis voyageur, je suis jeune, je suis cinéphile, je suis lecteur, je suis étudiant, je suis militant, je suis ambassadeur d’expressions citoyenne, je suis belge, je suis marocain, je suis musical, je suis joueur, je suis penseur, je suis débatteur, je suis débrouillard, je suis travailleur, je suis l’ami, je suis la famille, je suis champion, je suis perdant, je suis tout ça et bien plus encore.

Cet article est une dédicace à tous ceux et celles auxquel‧le‧s on ne demande jamais le nom avant d’avoir demandé pourquoi tu boîtes ? Cet article est une invitation à celles et ceux qui sont sources de ce problème. Je vous invite à entamer de vraies discussions avec moi. Commençons par mon prénom, car au fait, moi c’est Adam.