Dries Lesage :
Ces objectifs ont permis d’attirer l’attention sur, d’une part l’extrême pauvreté dans le monde et, d’autre part, de la communauté internationale sur ces objectifs. L’ONU a réussi, au travers de ce texte, à montrer que la malnutrition, les crises de la santé, les crises écologiques, la pauvreté existent bel et bien et représentent des problèmes/enjeux cruciaux pour les décennies à venir.
Ce texte est composé de 17 thèmes recouvrant 169 objectifs plus concrets pour la période 2015-2030. C’est donc un document riche au niveau du contenu. Ce texte a permis de prendre conscience qu’il faut une approche plus structurée, structurelle de ces problèmes. S’en rendre compte est déjà un progrès au niveau international.
On voit, en effet, que les crises sont plus connectées qu’avant. Par exemple, le thème comprenant la lutte contre l’inégalité dans les pays et entre eux (nouveau thème introduit par ce « traité ») est une innovation d’approche. L’ONU appuie et dit à chaque pays que le système de santé publique repose sur 2 piliers : l’accès aux soins de santé démocratisé et la disponibilité des services (par exemple, au Libéria il y a seulement 58 médecins pour 4 millions de personnes/ en RDC il y a le même nombre de médecins qu’à Gand !). On voit donc que la crise au niveau de la santé (sanitaire) est endémique.
Une autre différence notable entre les anciens (2001-2015) et nouveaux objectifs du millénaire (2015-20130) est que chaque pays se voit attribuer des tâches à réaliser pour parvenir aux objectifs fixés par l’accord. On peut prendre pour exemple la Belgique qui doit faire pas mal d’efforts au niveau de la pollution liée aux particules fines ou la baisse des accidents mortels en voiture pour être aux normes par rapport aux exigences de l’accord. Chaque pays doit d’ailleurs faire un rapport à l’ONU. Le conseil fédéral de développement durable est un partenaire environnemental de plusieurs associations. Il faut d’ailleurs, idéalement, que la Belgique relance la filière de développement durable, améliore son fonctionnement et installe une machinerie intéressante. Tous les ministres et pas seulement ceux de la coopération au développement ou à la santé devraient se sentir concernés. Il faut concrètement une implication structurelle du civil.
Antoinette Brouyaux :
La Belgique et les pays européens, en général, ne peuvent plus dire qu’ils ne se sentent pas concernés par tous ces enjeux. « On »demande aux pays « pauvres » de faire des efforts or on recule dans plusieurs domaines. On se ridiculise car, à côté on mobilise pour la Cop ! Il n’y a pas de cohérence. Un changement de paradigme est en train de s’opérer. Le climat est un bon exemple d’enjeu universel : c’est le bien commun par excellence.
Le problème n’est plus simplement «combattre la pauvreté ». Le problème est plutôt du côté des riches égoïstes gardant leur fortune pour eux en pratiquant l’évasion fiscale ou la question de la répartition de la richesse ! Il faut aborder l’agenda 2030 dans ce sens-là càd lutter contre l’évasion fiscale, le dumping et avoir une répartition juste pour tout le monde.
Le livre « Comment tout peut s’effondrer » de Pablo Servigne conscientise les gens sur la crise systémique que nous vivons. C’est une approche catastrophiste donc radicale mais la conscience de l’urgence donne une responsabilité.
Le rapport des ONG (coordonné par Associations 21 pour la partie francophone du pays) reprend les objectifs ratifiés à New-York le 25/09 et détaille ce qu’on peut faire, à notre échelle, en Belgique. L’accent de ce rapport est mis sur l’importance des actions citoyennes càd faire en sorte que les citoyens s’approprient le changement. C’est ce qu’on appelle la « solidarité chaude ». L’exemple du Parc Maximilien et de la plateforme « welcome refugees » illustre parfaitement cela.
Associations 21 a également envoyé ce rapport à plusieurs responsables politiques et depuis, plusieurs rdv ont été pris pour les conscientiser sur les objectifs dont ils sont signataires et donc qu’ils se sont engagés à respecter. Il ne faut pas hésiter à interpeller les communes à propos de ces objectifs notamment en les questionnant sur la mise en pratique de l’Agenda 21.
Débat-Questions du public :
– Comment vérifier le fait que le gouvernement prend en compte (ou pas) ces objectifs ?
Pour Antoinette Brouyoux, il faut se servir des objectifs quand les politiques vont à l’encontre de ces objectifs. On peut leur montrer via des actions.
Les objectifs ne sont pas contraignants juridiquement mais on s’attend à une force morale de chacun dans le suivi de cet agenda. Une nouvelle institution de l’ONU, via des reportages, va faire l’évaluation entre aujourd’hui et 2030. Une machinerie institutionnelle de la part de l’ONU se met en place pour faire pression sur les États.
– La notion de « développement durable » est une notion qui fait polémique ?
On est dans une « crise générationnelle » depuis 1987. C’est devenu une compétence politique et un cadre transversal qui abordent les liens entre les différents politiques. Maintenant, ils se retrouvent plus dans l’appellation « transition ».
– Pas toujours évident pour les associations de travailler avec des entreprises (comme la FEB)?
De façon ponctuelle, les associations peuvent s’entretenir avec les entreprises mais elles ne les représentent (pas forcément). Les associations ne veulent pas adhérer aux objectifs que soutiennent certaines entreprises (par exemple Nestlé alors qu’elles défendent le commerce équitable) pour ne pas brouiller leur image. Certains ONG sont, quant à elles, membres de shift pour discuter avec eux mais s’y identifier est différent, il y a un pas à ne pas franchir !
Compte-rendu réalisé par Violette Leclercq
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