• Ce que j attendais de la COP21

    La COP21 s’est achevée samedi dernier à Paris et nous sommes à nouveau restés sur notre faim. Après l’échec de Copenhague et le report des décisions « sérieuses » à la COP21 lors de la Plateforme de Durban, les citoyens du monde attendaient de nos chefs d’État qu’ils prennent enfin des décisions ambitieuses pour la planète. L’accord est certes historique mais n’est pas à la hauteur de nos attentes.

    Après plus d’un an de préparation et de mobilisation, nous étions fin prêts à prendre les rues de Paris pour porter nos revendications.

    J’attendais de cette COP21 qu’elle donne lieu à un accord contraignant mais aucun objectif chiffré de réduction de gaz à effet de serre ni aucune échéance n’ont été mis sur la table.

    J’attendais de cette COP21 un accord qui tendrait vers une société zéro carbone, or il ne mentionne qu’une tendance vers le bas carbone et l’idée de mettre un prix carbone a complètement disparu à la grande joie des pays producteurs de pétrole. Le désinvestissement, ce n’est donc pas pour demain.

    J’attendais de cette COP21 qu’elle limite le réchauffement planétaire à 1,5°C, or cela n’est qu’un objectif à atteindre sans que les contributions nationales volontaires ne soient révisées. L’accord ne prévoit « que » de rester en dessous des 2°C. Attendre 2023 pour voir où nous en sommes à ce niveau est trop tard.

    J’attendais de cette COP21 un financement équitable de la justice climatique mais les pays riches ne s’engagent à contribuer de minimum 100 milliards de dollars par an qu’à partir de 2020. Quelles mesures les pays moins développés pourront-ils prendre d’ici là quand on sait qu’ils seront les premiers touchés par le réchauffement climatique?

    Ce que j’attendais surtout de cette COP21, c’est la mobilisation citoyenne qui était en marche. Des centaines de milliers de militants, de citoyens et d’acteurs de la société civile devaient se retrouver à Paris pour faire entendre la voix du peuple et tenter d’influencer les décisions qui allaient être prises. Seulement, les mesures sécuritaires ont interdit les rassemblements et même restreint les libertés en assignant à résidence des militants écologistes.
    Or, s’il y a bien une chose à retenir de cette COP21, c’est que la mobilisation ne s’est pas essoufflée: des 10 000 belges qui devaient aller à Paris, nous étions plus de 14 000 à la Marche pour le Climat à Ostende. Alors, nous pourrons dire que cet accord est historique car il ouvre un nouveau chapitre mais ce que nous pouvons surtout retenir, c’est que les citoyens ont décidé de s’approprier cette Histoire.

    Esther Ingabire et Nicolas Raimondi, coprésidents d’écolo j

  • Que faut-il penser de cet Accord de Paris ? #COP21

    CopApresTropTard

    Une opinion de Nicolas Raimondi, co-président d’écolo j

    12 décembre 2015, les 196 membres de la Convention Cadre des Nations Unies sur le changement climatique (UNFCCC) se sont accordés sur un nouvel accord pour lutter contre le changement climatique, l’Accord de Paris. Un processus qui débuta après l’échec de Copenhague de 2009. Six ans plus tard, que faut-il retenir de ce nouvel accord de Paris ? Comment l’interpréter ?

    Pour un optimiste, le moment est fort. Jamais la communauté internationale n’avait réussi depuis 1992, avec la Convention, à définir un cadre commun. De plus, ce nouvel accord se comprend de manière contraignante sur certains points. Ce samedi 12 décembre, c’est le multilatéralisme qui est en succès.

    Pour un réaliste, l’accord conclu n’est qu’une première étape. En effet, les États parties restent souverains pour signer et mettre en œuvre les nouvelles dispositions. Certes, nous avons un accord, mais celui-ci reste faible pour vérifier sa bonne pratique et son impact réel sur le changement climatique. Si l’objectif des 1,5°C est inscrit, les moyens pour y parvenir semblent faibles.

    Pour un pessimiste, l’accord ne va rien résoudre. Celui-ci n’est pas assez contraignant, et surtout il ne remet pas en cause notre modèle de société et notre modèle économique. La puissance des lobbys, et surtout de l’économie reste supérieure à celle de l’urgence climatique. Un bel emballage, pour un paquet vide.

    Pour nous écolo-j-istes, le moment est historique. Le livre de l’Histoire du monde s’ouvre d’une nouvelle page. Plutôt, il s’ouvre d’un nouveau chapitre. Ce chapitre, c’est celui de la coopération internationale pour la défense de notre planète. Davantage, c’est le début d’une nouvelle étape. Loin d’être un point d’arrivée, l’Accord de Paris sonne comme le point de départ d’une nouvelle action collective pour lutter contre le changement climatique.

    Les piliers de ce nouveau chapitre sont les suivants: d’abord, avec l’inclusion d’une limitation d’un réchauffement de maximum 1,5°C c’est la survie des populations les plus vulnérables qui peuvent être sauvegardées. Fort du principe de différentiation, ce principe de responsabilité commune, mais différenciée, ce sont les pays développés qui continuent de mener l’effort. Tant sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre, que sur l’adaptation, ou encore le financement. L’accord reconnaît également le rôle de l’éducation dans la lutte contre le changement climatique. Pour la première fois, le concept de Justice Climatique est inscrit dans le préambule. Ensuite, pour répondre à la dynamique nécessaire du changement climatique, les pays se sont accordés sur un cycle de révision tous les 5 ans. Cette fois, contrairement au Protocole de Kyoto, l’ensemble des pays de la Convention a accepté l’Accord de Paris.

    Si tout bon roman est constitué de rebondissements, l’Accord de Paris en aura également besoin dans son avenir. Les points suivants doivent relancer l’intrigue :

    • L’inclusion des droits de l’Homme universels. Au-delà d’une mention ambiguë dans le préambule. Les droits de l’Homme doivent être inclus dans les articles de l’Accord et s’inclure dans toute action.

    • Un objectif chiffré de réduction de Gaz à effet de serre aurait dû être inclus, avec une échéance précise.

    • Si l’accord mentionne l’avenir vers une société bas carbone, l’audace aurait voulu un engagement sur une décarbonisation de l’économie et sur un objectif zéro carbone.

    • L’Accord ne mentionne pas l’objectif d’atteindre à partir de 2020, 100 milliards de dollars par an. Ce point est relégué dans les décisions. Heureusement ces 100 milliards constituent un seuil et les pays sont incités à revoir à la hausse leur participation d’ici à 2025. De plus, les financements et mécanismes sur les pertes et préjudices restent à travailler.

    • Un exploit remarquable pour les lobbies du secteur du transport maritime et aérien. En effet, alors que leur part d’émission de gaz à effet de serre augmente de manière considérable, ceux-ci ont réussi à s’extraire de l’Accord de Paris.

    • Pour atteindre l’objectif d’un réchauffement de maximum 1,5°C, les pays vont devoir revoir leurs objectifs de contribution nationale volontaire. Aujourd’hui cette trajectoire nous mène à un monde avec +3,7°C. Or l’Accord prévoit une première révision de ces objectifs en 2023. C’est beaucoup trop tard.

    • L’Accord de Paris garantit la gratuité de la pollution. Sous le lobbying des pays producteurs de pétrole, l’idée de mettre un prix carbone a disparu.

    Voici une liste non exhaustive des premiers éléments à retenir de l’Accord de Paris. Ce moment historique est en marche, et dès aujourd’hui nous devons continuer d’être les auteurs de notre Histoire. Continuer à revendiquer un monde compatible avec nos valeurs écolo-j-istes. La COP21 fut l’objet d’une mobilisation citoyenne et associative sans précédent, de quoi apporter un vent d’optimisme sur nos capacités d’actions.

    Le changement est en route.

    Nicolas