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Jump #30 Immigration : Edito

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Céline Barbaix | Rédactrice en cheffe du Jump#30

L’année 2025 marque un tournant dans la politique migratoire belge, notamment avec l’entrée en vigueur des nouvelles mesures gouvernementales en matière d’immigration. Le nouveau gouvernement Arizona prévoit de mettre en place une série de mesures visant à restreindre l’immigration et à durcir les conditions d’accueil et de séjour. Je pense, entre autres, aux mesures de restriction de l’accès au statut de réfugié ou encore, aux conditions plus strictes pour le regroupement familial, mais également, à des coûts plus élevés pour obtenir la nationalité belge.

Le gouvernement ne s’arrêtera pas là, leur but étant de retirer toute condition de dignité humaine aux personnes immigrées… Par des mesures de plus en plus excluantes et sécuritaires, les membres du gouvernement en oublient les valeurs sociales et que ce qui fait la force d’une société, c’est sa diversité.

 

Giudice Tsape | Co-président d’écolo j

Actuellement, lorsque l’on parle d’immigration, on réduit trop souvent cette question à des chiffres et des statistiques, oubliant ainsi la dimension humaine de ces parcours.

Derrière chaque chiffre, il y a des personnes fuyant des situations socio-économiques, politiques et environ-nementales souvent devenues invivables. Beaucoup d’entre elles migrent à cause de politiques menées par les pays occidentaux qui appauvrissent leurs régions ou favorisent une concurrence déloyale.

D’autres encore fuient des conséquences dramatiques du changement climatique, dont les premières victimes sont souvent celleux qui en sont les moins responsables. Par ailleurs, l’immigration est aussi une source d’enrichissement pour les sociétés d’accueil. Aujourd’hui, en 2025, nous pouvons témoigner de l’énorme contribution des immigré·es à de nombreux secteurs, que ce soit dans la culture, l’économie ou les sciences.

Pourtant, cette richesse est souvent occultée, car les extrêmes droites instrumentalisent la question de l’immigration pour semer la peur et nourrir des discours de rejet. Cela masque ainsi les bienfaits réels de l’immigration et ne fait que renforcer les préjugés. Il est urgent de remettre l’humain au centre du débat, et d’enfin reconnaître la diversité comme une richesse plutôt que comme une menace.

 

Lexique de l’immigration

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UN·E MIGRANT·E

Il n’existe pas de définition juridiquement reconnue du terme « migrant·e ». C’est une personne qui quitte son pays pour aller vivre sur un autre territoire pour de multiples raisons, et ce de façon temporaire ou permanente. Certain·es migrant·es se déplacent de leur propre gré, d’autres y sont forcé·es (notamment en raison d’une guerre ou de persécutions.

« Migrant » est devenu un mot fourre-tout. Son usage s’est généralisé : « crise des migrants », « enfant migrant », « camp de migrants », « mort d’un migrant », « migrant afghan »… Ainsi, des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants, se sont réveillés « migrants ». Exit l’humanité. Exit la chair et le sang. Exit les larmes et les rires. La vie, comme la mort – sauf le temps d’une photo – sont ravalées au rang d’une abstraction langagière. […] “Migrant” déresponsabilise quand “réfugié” interpelle.

Mustapha Harzoune, 2022.

 

IMMIGRANT·E ET ÉMIGRANT·E

Une personne qui effectue un trajet migratoire pour s’installer dans un autre pays est à la fois une personne immigrante et émigrante, selon le point de vue. Par exemple, un·e Français·e partant s’installer en Belgique est un·e émigrant·e en France, mais devient un·e immigrant·e en Belgique. Inversement, les immigrant·es en Belgique sont toustes des émigrant·es dans leurs pays respectifs. L’ensemble des mouvements constitue les flux migratoires. Or, toustes les migrant·es n’ont pas les mêmes privilèges et ne sont pas perçu·es de la même manière selon leur capital économique et leur nationalité. Ainsi, les “expatrié·es” sont perçu·es positivement dans l’imaginaire collectif à l’inverse des “refugié·es” : les deux sont pour autant des immigré·es.

UN·E DEMANDEUREUSE D’ASILE

C’est une personne qui a fui son pays par crainte d’être persécutée, du fait de son identité (son origine ethnique, sa nationalité, son appartenance à un certain groupe social), de ses convictions (religieuses) ou de ses opinions politiques et qui a fait une demande de protection internationale à un pays tiers où iel réside. Pendant la procédure d’examen de sa demande d’asile, iel ne peut pas être renvoyé de force dans son pays si sa vie ou sa liberté y est menacée (principe de non-refoulement). En cas de décision de rejet, la personne reçoit un Ordre de Quitter le Territoire (OQT). Elle peut-être expulsée par les autorités, parfois par la force.

UN·E REFUGIÉ·E

C’est une personne qui obtient, suite à l’introduction d’une demande d’asile, la protection du pays où iel a fait sa demande : le statut de réfugié lui a été reconnu par le pays d’accueil. Toustes les réfugié·es ont été demandeur·euses d’asile.

UNE PERSONNE “SANS-PAPIERS”

Expression “fourre-tout” qui désigne toute personne qui n’a pas d’autorisation de rester sur le territoire où elle se trouve. Certaines sont arrivées en Belgique sans les documents nécessaires, tandis que d’autres ont perdu un titre de séjour qu’elles possédaient auparavant. Parmi elles, on trouve d’ancien·es demandeur·euses d’asile débouté·es, des étudiant·es resté·es après l’expiration de leur visa, des travailleur·euses ayant perdu leur emploi, ou encore des personnes ayant perdu leur droit de séjour après un changement de situation familiale.

APATRIDE

Une personne qu’aucun État ne considère comme son ou sa ressortissant·e. Elle est sans nationalité et privée des droits associés à celle-ci, comme le droit à la protection diplomatique et le droit de revenir dans son pays d’origine. Certaines (mais pas toutes) personnes réfugiées sont apatrides. De même, les personnes apatrides ne sont pas forcément des réfugié·es.

MIGRATION

La migration correspond au déplacement d’une personne ou d’un groupe de personnes, soit entre plusieurs pays, soit à l’intérieur d’un pays (migrations intra-régionales). Elle englobe tous types de mouvements de population impliquant un changement de lieu de vie, qu’ils soient forcés ou volontaires, de courte ou longue durée. On parle même de migration pendulaire pour les personnes qui se rendent quotidiennement sur un lieu de travail assez éloigné de leur lieu de résidence.

DIASPORA

Phénomène de dispersion forcée d’une partie d’une population au-delà de ses frontières nationales. Ces communautés de personnes émigrantes chassées de leur pays, conservent des attaches affectives, culturelles, économiques et politiques avec le pays d’origine, ou des pratiques ou habitudes propres à ce pays. Ce niveau d’attachement peut être variable.

MIGRANT·E CLIMATIQUE

Personne contrainte de quitter son pays ou sa région en raison de la dégradation de son environnement ou de catastrophes naturelles liées au dérèglement climatique (inondations, sécheresse, etc.). Une discussion sémantique existe autour des deux termes : “refugié·e climatique” semble s’installer dans le langage courant mais “migrant·es climatiques” englobe une plus large réalités de déplacements.

MIGRANT·E ECONOMIQUE

Personne qui quitte son pays pour des raisons économiques ou pour améliorer ses conditions d’existence matérielles et/ou professionnelles. Les migrant·es économiques ne répondent pas aux critères législatifs de réfugié·e et n’ont donc pas droit à la protection internationale.

 


Lutter contre les idées reçues :

immigration

La majorité des réfugié·es se trouvent dans les pays du sud global.

86 % des réfugié·es des plus de 21 millions de réfugié·es se trouvent dans les pays voisins des pays en crise. Si on ne prend que le cas des Syrien·nes, plus de 12 millions d’entre elleux ont dû fuir le conflit à l’intérieur des frontières ou dans les pays limitrophes, contre un peu plus d’un million qui a demandé l’asile dans les pays européens entre 2011 et juillet 2016. (Amnesty.be (2017))

 

 

 

 

 


Le silence meurtrier des routes migratoires

TW : Violences physiques, sexuelles, mort

Depuis plusieurs années, les migrant·es qui tentent de rejoindre l’Europe sont confronté·es à des violences inouïes, non seulement dans les traversées maritimes, mais aussi au cœur du désert saharien, un territoire que beaucoup considèrent comme un « cimetière vivant ». Selon les expert·es du Haut-commissariat aux réfugiés (HCR) et de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), les migrant·es y risquent leur vie dans des conditions cruelles. En effet, plus de la moitié des morts recensées parmi les migrant·es surviennent dans le Sahara, bien loin des regards des médias et de l’opinion publique.

Plus de la moitié des morts recensées parmi les migrant·es surviennent dans le Sahara, bien loin des regards des médias et de l’opinion publique.

Les traversées du désert sont une épreuve particulièrement brutale. Des centaines de milliers de migrant·es, souvent fuyant des situations de guerre, de famine ou de persécution, se retrouvent pris·es au piège dans cet espace aride et inhospitalier, sans eau ni nourriture. Ils sont exposé·es à des températures extrêmes, au manque d’oxygène, et au danger des animaux sauvages. Mais le calvaire ne s’arrête pas là.

 

Une autre forme de violence, plus insidieuse, se manifeste à travers les abus physiques et psychologiques infligés par les réseaux criminels qui contrôlent ces routes. Les trafiquants humains exploitent la vulnérabilité des migrant·es pour les soumettre à des violences de plus en plus horribles. De nombreux témoignages font état de violences physiques, de tortures, et parfois même de viols systématiques. Des femmes sont particulièrement ciblées par ces bandes criminelles, qui utilisent le viol comme arme de soumission et de répression, un moyen de détruire l’espoir et l’intégrité des victimes. Les hommes, quant à eux, ne sont pas épargnés et sont souvent battus, mutilés ou menacés.

 

Le Sahara devient alors un véritable enfer pour celleux qui, déjà démuni·es de tout, se retrouvent à la merci de ces groupes impitoyables. Ce périple est souvent une expérience de déshumanisation extrême, où l’âme des migrant·es est mise à l’épreuve au-delà du supportable. À cette violence physique s’ajoute la violence institutionnelle, puisque les autorités de certains pays du Sahel et du Maghreb, plutôt que de protéger les migrant·es, les maltraitent souvent.

Ce périple est souvent une expérience de déshumanisation extrême

Les migrant·es sont des êtres humains avant tout, et leur parcours doit être compris non comme un simple déplacement géographique, mais comme une fuite désespérée pour échapper à une souffrance insupportable. Leur chemin vers l’Europe est devenu synonyme de mort lente, où l’humanité semble disparaître à chaque étape, et où chaque jour de survie est un défi qui dépasse l’imaginable. Il est plus que jamais urgent de lever le voile sur cette réalité et d’agir pour mettre fin à cette barbarie.

 


– Giudice Tsape

Fuir ou mourir : le combat d’une femme pour sa liberté.

immigration femme

Parfois, il suffit d’un regard, d’un sourire ou d’une simple phrase pour qu’une amitié naisse. C’est ce qui m’est arrivé en septembre 2024 quand j’ai rencontré Shadan qui est devenue en quelques instants une amie très chère à mes yeux. Née en Iran, elle a aujourd’hui décidé de m’expliquer son parcours migratoire pour le partager et, peut-être un jour, changer les choses dans son pays d’origine.

Dès sa plus tendre enfance, Shadan est touchée par les différences sociétales qu’il y a entre les filles et les garçons. Elle me décrit un pays où les femmes sont réduites au silence et où chaque lueur de changement est réduite en cendres. Durant son enfance, elle voit son père frapper sa mère. Par la suite, ce sera elle qui sera victime de violence domestique par son ancien compagnon. Elle essaiera plusieurs fois de porter plainte mais les policier·ères lui rieront au nez. Shadan a également été 8 fois arrêtée par la police iranienne et a vécu des violences policières car elle ne portait pas son voile “correctement” selon les autorités. Son frère est aussi touché par la violence de la police. Faisant partie de la communauté lgbtqia+, il sera victime de violences physiques et psychologiques. Cette violence touche aussi le travail car même si elle aime son boulot et à un poste haut placé, comme beaucoup de femmes, elle subit des violences sexuelles de la part de son patron, qui n’hésite pas à lui retirer son salaire si elle refuse ses avances.

[…] un pays où les femmes sont réduites au silence et où chaque lueur de changement est réduite en cendres.

Malgré cela, Shadan aime son pays mais le jour où son ex-compagnon arrive fou de rage chez elle, frappe sa mère et la menace, elle décide de partir. Elle sent que si elle reste, il va la tuer. Face à cette violence omniprésente, Shadan ne va pas seulement fuir son ex-compagnon, elle fuit aussi un système qui l’étouffait depuis toujours.
Je lui demande alors pourquoi avoir choisi la Belgique et comment elle est arrivée ici. Shadan m’explique qu’elle a choisi la Belgique parce que des membres de sa famille y vivent et car elle y voit davantage de liberté pour les femmes. Grâce à son travail, elle obtient facilement un visa touristique. Elle prend l’avion et se dit qu’elle reviendra dans quelques mois quand la situation avec son ex-compagnon sera calmée. Mais sa famille en Iran lui demande rapidement de rester en Belgique, par peur que si elle rentre, il lui arrive quelque chose de grave. Elle tombe alors dans une profonde dépression car elle se rend compte qu’elle vient de tout perdre : études, travail, famille. C’est malheureusement le prix de la liberté.

Ce qui va l’aider à tenir le coup c’est le suivi psychologique qu’elle obtient après avoir commencé sa procédure de demande d’asile. Pourtant ces suivis psychologiques font souvent l’objet de critiques pour plusieurs raisons, liées à des problématiques structurelles, adminitratives et culturelles. Cependant elle s’est sentie écoutée et soutenue. De plus, vivant dans un centre d’accueil, beaucoup d’activités sont proposées, ce qui lui a permis de se changer les idées.
Shadan m’explique que malgré le fait qu’elle est en train de tout reconstruire, elle tient bon, pour sa famille mais aussi car elle ne se sent plus être une esclave, mais enfin un humain. Cependant les marques restent. Alors qu’il est difficile de se faire des ami·es car elle ne parle ni français, ni néerlandais, elle a peur de se lier d’amitié avec des Iranien·nes vivant en Belgique. Elle se dit qu’iels pourraient être proches du gouvernement ou connaître son ex-compagnon. De plus, malgré le soutien psychologique, elle se sent otage de ses traumatismes, qui la suivent, qui lui font penser qu’elle n’a aucun droit, juste parce qu’elle est une femme.

Elle a quitté son pays et ses proches pour rester en vie mais maintenant elle se demande si ça en vaut la peine, si mourir n’aurait pas été plus facile. Cependant, elle me dit avoir réalisé la chance qu’elle a, qu’elle commence à se faire sa place dans la société belge, qu’elle apprend le français et cherche un travail. Mais elle a toujours peur pour sa famille, sa mère, son frère. Ainsi, si aujourd’hui Shadan se bat pour reconstruire sa vie en Belgique, son cœur reste attaché à l’Iran, dans l’espoir qu’un jour, son pays pourra offrir à toutes ses filles ce qu’elle a dû quitter pour trouver : la liberté.

 


– Lucie Hermans

Les travailleureuses sans papiers : variable d’ajustement du « nouveau » capitalisme

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Il t’arrive parfois de commander sur UberEats ou Deliveroo ? Sais-tu ce qui se cache derrière ces plateformes ? Depuis quelques années, avec l’essor de l’économie en ligne, de nouveaux concepts économiques ont émergé. L’un d’eux est le capitalisme de plateforme. Le principe est simple : mettre en contact un·e consommateur·ice avec un prestataire. Dans ce cas précis, il s’agit de restaurants, snacks ou autres types de petite restauration.

Le modèle économique de ces plateformes est tout aussi simple : la majorité des bénéfices atterrissent dans les poches de leurs propriétaires, tandis que les autres acteurs (notamment les travailleur-euses) sont largement laissé·es pour compte. Cette répartition inégale est aggravée par les statuts prétendument indépendants que ces plateformes proposent à leurs livreur·euses, mais qui s’avèrent en vérité être des pièges.

En réalité, ces plateformes exploitent le statut d’« indépendant » pour contourner les lois sur le droit du travail, privant ainsi les travailleureuses d’une protection sociale pourtant essentielle, surtout dans ce type d’activité où les accidents surviennent régulièrement.

[les personnes sans papiers] représentent près de la moitié des livreur·euses à Bruxelles

Les premières victimes de ce capitalisme numérique sont les personnes les plus précaires de notre société en recherche d’emploi et exclues du marché du travail traditionnel. Parmi elles, on trouve en majorité des personnes sans-papiers, qui représentent près de la moitié des livreur·euses à Bruxelles, l’autre étant des étudiant·es précaires. Dépourvu·es de titre de séjour légal, ces travailleur·euses ne peuvent pas s’inscrire officiellement sur les plateformes et sont donc contraint·es de travailler sous une fausse identité. Cela a conduit à la mise en place d’un véritable système de location et de vente de comptes UberEats ou Deliveroo. Des personnes en séjour régulier créent des comptes qu’elles louent ensuite à des personnes sans-papiers, moyennant des montants allant de 70 à 100 euros par semaine.

Pour les livreur·euses, le revenu moyen est d’environ 4,40 euros par course, sans prendre en compte les temps de retours vers les points centraux, où se trouvent les restaurants. En Belgique, le peu d’enquêtes disponibles sur la question estiment que les livreureuses effectuent entre 1,25 et 2,5 commandes par heure. Si l’on fait le calcul, on constate rapidement l’ampleur de l’exploitation que représente ce système.

Pour les sans-papiers, ces jobs ressemblent à ce qu’on pourrait qualifier d’esclavage moderne

À première vue, on pourrait se laisser convaincre par l’argument du flexijob, qui permettrait de générer des revenus complémentaires. Mais dans les faits, ce sont avant tout ceux et celles qui n’ont pas d’autre choix qui se tournent vers ces emplois dépourvus de droits sociaux (congés payés, mutuelle, week-end, …).Pour les sans-papiers, ces jobs ressemblent à ce qu’on pourrait qualifier d’esclavage moderne.

Ce sont ces travailleureuses précaires qui font tourner ces plateformes, en pleine croissance depuis la crise du Covid-19. Ces entreprises ont enregistré une aug-mentation de 65 % de leur clientèle durant cette période. Aujourd’hui, un·e Belge sur trois déclare utiliser ces services. Ce « nouveau » capitalisme, présenté comme une opportunité, s’avère finalement aussi pernicieux que le capitalisme « traditionnel ». Il repose sur l’exploitation des plus vul-nérables, en l’occurrence les sans-papiers.

Pourtant, une solution juste et simple existe : offrir un statut légal à ces travailleuses et travailleurs. Dans les faits, ces personnes comblent déjà des pénuries dans de nombreux secteurs, comme la construction, l’horeca ou les services à la personne… Iels travaillent sans compter leurs heures, au détriment de leur santé et de leur bien être, tout en étant privé·es de toute protection sociale. Pour parvenir à une véritable justice sociale, la régularisation des travailleuses et travailleurs sans-papiers est la seule solution viable.

 


– Sanchou Kiansumba

 

 

 

Sources : 

Le racisme institutionnel

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TW : Propos racistes

 

« Déjà nous nous faisons harceler de contrôle au quotidien alors que nous n’avons rien à nous reprocher et durant les contrôles, les policiers (pas tous mais beaucoup) nous sortent des propos comme ‘les gens de son espèce ça court vite’, ‘le macaque’…etc. »

 

Ce témoignage recueilli par le Forum des Jeunes pour son enquête auprès des 16-30 ans au sujet du racisme en Belgique en 2024 illustre d’une certaine manière ce qu’est le racisme institutionnel.

Rien d’anecdotique, si ce n’est en réalité une représentation de ces différentes interactions teintées de racisme subies par les personnes racisé·es au sein des différentes institutions belges conduisant ces dernières à développer une certaine méfiance et parfois une défiance envers celles-ci. Créant par l’occasion un mal-être pour les concerné·es. D’ailleurs, un autre témoignage recueilli poursuit en posant la question de savoir « où se plaindre quand même la police est parfois raciste ? ». Qu’est-ce donc le racisme institutionnel ? Comment se manifeste-t-il ? Quelles sont les mesures prises par la Belgique pour lutter contre ce fléau ?

« Où se plaindre quand même la police est parfois raciste ? »

I. Le racisme institutionnel

Le racisme institutionnel fait référence aux politiques, pratiques et normes au sein d’institutions comme : les écoles, les entreprises ou le système judiciaire qui désavantagent systématiquement certains groupes raciaux. En d’autres termes, il s’agit de la manière dont les institutions, par leurs règles et leurs pratiques, perpétuent les inégalités raciales. La notion de racisme institutionnel, comme le souligne Fabrice Dhume, vise ainsi à étendre la portée de l’analyse du racisme et à changer le centre de gravité des individus vers des mécanismes institutionnalisés et structurels de production d’inégalités et de racisation. Dans ses travaux sur le logement social en France, Valérie Sala Pala dira qu’il y a racisme institutionnel lorsque, en dehors de toute intention manifeste et directe de nuire à certains groupes ethniques, les institutions ou les acteurs au sein de celles-ci développent des pratiques dont l’effet est d’exclure ou d’inférioriser de tels groupes.

En résumé, le racisme institutionnel se concentre sur les inégalités au sein d’institutions spécifiques. Il est donc important de savoir comment il se manifeste.

[…] des politiques qui portent systématiquement atteintes aux droits des personnes d’origine étrangère ou celles issues de minorités ethniques.

II. Comment il se manifeste ?

Le racisme institutionnel en Belgique se manifeste à travers diverses institutions, notamment celles liées à la santé publique, au système éducatif, au marché du travail, aux services publics et au système judiciaire.

Cela se traduit par des pratiques et des politiques qui portent systématiquement atteinte aux droits des personnes d’origine étrangère ou celles issues de minorités ethniques à travers par exemple des biais dans les procédures d’embauche, des inégalités dans l’accès à l’éducation ou des traitements discriminatoires dans le système judiciaire.

Pour mieux illustrer l’ampleur du phénomène, Unia a ouvert 897 dossiers concernant les critères « raciaux » en 2021, soit 32,4% de tous leurs dossiers. 16,9% de ces dossiers concerne l’emploi. En effet, on observe de nombreux cas de refus d’embauche en lien avec ce critère, qu’ils soient fondés ou non soit 18,8% des dossiers. Les personnes avec des noms perçus comme « non belges » peuvent par exemple rencontrer des difficultés à obtenir des entretiens d’embauche, même si leurs qualifications sont identiques à celles de candidat·es belges.

En matière de logement, il s’agit principalement du refus de visites ou de location par les institutions publiques en charge aux personnes racisé·es sur la base de ce seul critère.

Pareil dans le domaine de l’éducation ou des études ont montré que les élèves issus de l’immigration peuvent faire face à des attentes plus basses de la part des enseignant·es, ce qui peut affecter leurs performances scolaires et leurs opportunités futures.

De plus en plus de recherches ont également révélé des biais dans le traitement des personnes par la police et le système judiciaire, où les minorités ethniques peuvent être davantage ciblées ou faire face à des discriminations lors des procédures légales.

Pour les personnes racisées qui migrent en Belgique c’est donc la double peine.

III. Quels liens entre immigration et racisme ?

À l’arrivée dans un nouveau pays, dont on ne parle pas nécessairement la langue, le chemin pour trouver un logement, un emploi, une école pour ses enfants, une vie normale est semé d’embûches. Celles-ci sont institutionnelles aussi (administratives, légales, financières…) et sont rendues de plus en plus restrictives par les gouvernements européens sous couvert de la “gestion de la crise migratoire”. Par ailleurs les personnes en demande de protection internationale en Belgique sont souvent vues et traitées par l’administration comme des coupables de droit communs alors qu’iels ne font que user de leur droit à la protection régi par les conventions internationales ratifiées par la Belgique (conventions de Genève, convention relative au statut des réfugié·es…etc). Cela se traduit concrètement par des délais d’attente trop longs créant une inégalité de traitement et un manque de clarté sur les informations fournies basées sur le seul critère de la couleur de peau ou de l’origine des demandeureuses. Pour les personnes racisées qui migrent en Belgique c’est donc la double peine.

IV. Quelles mesures pour lutter contre ce phénomène ?

Pour lutter contre le racisme institutionnel, il est essentiel de mettre en place des politiques publiques qui promeuvent l’égalité et la justice sociale, ainsi que de sensibiliser la population aux enjeux liés à la discrimination raciale. Dans ce contexte, un plan d’action national intitulé « mesures fédérales du plan d’action nationale contre le racisme » a été adopté au niveau fédéral pour la période 2021-2024. De même pour la région bruxelloise. La Fédération Wallonie-Bruxelles et la Région wallonne se sont également dotées chacune de leur plan de lutte contre le racisme pour la période 2023-2026. Toute une série de lois ont également été adoptées pour lutter contre le racisme.

 

Cependant, malgré ce cadre légal, ces actes continuent de se perpétuer au quotidien, et le nouveau gouvernement, dont l’accord est plus anti-immigration et discriminatoire que jamais, ne présage rien de bon. Restons informé·es et sensibilisé·es. La méritocratie n’existe pas dans une société où le racisme institutionnel existe.

 


– Sergeot Amba

 

 

Sources :

Forum des jeunes, Du Racisme en Belgique ? Non peut-être!, 2024, p.10

Fabrice Dhume, Du racisme institutionnel à la discrimination systémique ? Reformuler l’approche critique, Centre d’Information et d’Etudes sur les Migrations Internationales I « Migrations Société », n° 163, 2016, pp. 33-36. 

Valérie Sala Pala, « La politique du logement social est-elle raciste ? l’exemple marseillais », Faire Savoirs, n° 6, mai 2007, pp. 25-36 (voir p.28).

Unia est l’institution publique interfédérale indépendante qui lutte contre la discrimination et promeut l’égalité

Mesures fédérales du plan d’action nationale contre le racisme disponible ici p.5.

Plan de lutte contre le racisme en Fédération wallonie-Bruxelles disponible ici

 Premier plan wallon contre le racisme disponible sur :  https://guidedumigrant-provnamur.be/wp-content/uploads/2023/04/Plan-wallon-23-26_Lutte-contre-le-racisme.pdf 

Loi du 30 juillet 1981 tendant à réprimer certains actes inspirés par le racisme ou la xénophobie, M.B. 8 août 1981, ci-après : « loi antiracisme » ; Loi du 23 mars 1995 tendant à réprimer la négation, la minimisation, la justification ou l’approbation du génocide commis par le régime national-socialiste allemand pendant la seconde guerre mondiale, M.B. 30 mars1995, ci-après : « loi sur le négationnisme ». Loi du 4 août 1996 relative au bien-être des travailleurs lors de l’exécution de leur travail, M.B. 18 septembre 1996. Loi du 10 mai 2007 tendant à lutter contre certaines formes de discrimination, M.B. 30 mai 2007, ci-après : « loi anti-discrimination ».

Immigration et études en Belgique, entretien avec la PLADE

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Entretien avec Pharell Tachago, porte parole de la Plateforme de Lutte pour l’Amelioration des Droits des Étudiant·es Étranger·ères (PLADE), mars 2025.

 

1) Peux-tu nous expliquer ce que c’est la PLADE ? Quels sont vos combats ?

La Plateforme de Lutte pour l’Amelioration des Droits des Étudiant·es Étranger·ères a été créée en 2022 lorsqu’un grand nombre d’Ordres de Quitter le Territoire (OQT) ont été délivrés à des étudiant·es étranger·ères pour des raisons jugées illégitimes par les membres de la plateforme (vices de procédures).
En conséquence, nombreux·ses étudiant·es étranger·ères ont manifesté leur ras-le-bol et ont créé cette plateforme. Nous avons mené plusieurs actions parmi lesquelles :
En 2023, nous avons organisé avec la FEF deux grandes manifestations fédérales à Bruxelles, au niveau de l’office des étrangers et du cabinet de la ministre de l’enseignement supérieur.
Un niveau plus local, nous militons auprès des conseils des étudiant·es pour pousser les administrations à permettre à des étudiant·es étranger·ères dont les dossiers de résidence sont “en cours” de tout de même continuer leurs études en attente de la réponse définitive des autorités. Nous avons particulièrement agi là dessus à l’UMons.
Nous accompagnons aussi les étudiant·es étranger·ères lors de leur arrivée en Belgique, en particulier pour le côté administratif. Souvent, iels arrivent à 18-19 ans, leurs parents ont fait les la majeure partie de la procédure administrative de voyage) et donc iels ne connaissent pas les procédures administratives. L’objectif est surtout de leur expliquer comment celles-ci fonctionnent, des règles à respecter, qu’est-ce qu’un·e garant·e… faciliter leur insertion.

 

2) Quelles sont les difficultés rencontrées par les étudiant·es étranger·ères qui étudient en Belgique.

Les démarches administratives de renouvellement de titre de séjour, en plus d’êtres nombreuses et chronophages, ne s’accordent pas à la temporalité des étudiant·es. En effet les titres des séjour ne sont valables qu’un an et périment chaque année le 31 octobre alors que la procédure de renouvellement prend parfois plus de 5 mois, des étudiant·es ne reçoivent leur renouvellement qu’en avril ou mai de l’année suivante. Cela signifie deux choses : iels se retrouvent sans titre de séjour (hormis un document provisoire qui atteste qu’iels ont entamé la procédure) pendant 5 mois et une fois le titre de séjour reçu, il n’est réellement valable que 6 mois avant de périmer de nouveau fin octobre.
Pendant les 5 mois d’attente, les étudiant·es étranger·ères ne peuvent pas quitter le territoire belge et peinent à trouver ou conserver leurs jobs étudiants sans pouvoir montrer leurs papiers en règle. L’incapacité de se mouvoir, pour des personnes dont la famille ne vit souvent pas en Belgique, les empêche de voir leurs familles, de voyager.

Ensuite, à la PLADE nous avons remarqué que, lors du traitement des dossiers par le service des étrangers, à dossiers équivalents (même profil, garant·es, crédits,…), certains dossiers sont traités par la commune et d’autres par l’office des étrangers. Rien n’explique cette différence mais l’un des deux prend deux fois plus de temps et garde les étudiant·es étranger·ères dans l’incertitude.

Enfin, pour obtenir un titre de séjour étudiant, les jeunes doivent prouver la “solvabilité moyenne de subsistance” de leurs garant·es. Quand je suis arrivé en Belgique en 2020, mes garant·es devaient prouver avoir un revenu net mensuel d’un peu plus de 1900 euros, aujourd’hui c’est environ 2700 euros. Ces sommes sont énormes et leur augmentation met à mal les jeunes qui souhaitent étudier en Belgique mais aussi celleux déjà en plein cycle d’études. En effet, ce seuil augmente même pour les étudiant·es déjà inscrit·es. C’était mon cas, et c’est le cas de centaines d’étudiant·es étranger·ères en Belgique. Dans l’incapacité de prouver une solvabilité soudainement 45% plus élevée que prévue lorsqu’on a commencé nos études en Belgique, on se retrouve à recevoir un OQT et devoir mettre fin à nos études.

Lorsqu’on prévoit de venir étudier en Belgique, on fait un plan financier de combien ça va nous coûter. Pour vivre, un·e étudiant·e en Belgique dépense environ 10 000 euros par an (loyer, nourriture, matériel scolaire…). Un·e jeune étranger·ère qui étudie l’ingénierie depuis 3 ans et qui a donc déboursé 30 000 euros, se retrouve du jour au lendemain sans diplôme d’ingénieur, sans travail, 3 années de vie et 30 000 euros perdus, et avec un OQT. C’est une perte d’argent et de temps considérable !

 

3) Quelles solutions pragmatiques pour l’amélioration des droits des étudiant·es étranger·ères ?

Une première revendication de la PLADE a été la possibilité d’avoir une caisse de dépôt sur laquelle les étudiant·es étranger·ères peuvent déposer petit à petit la caution : une sorte de cotisation pour les années qui arrivent. Aujourd’hui, ce sont des entreprises privées qui nous donnent cette possibilité, c’est donc un bon début. Aujourd’hui, nous nous focalisons sur les revendication suivantes :

  • Allongement de la durée de validité des titres des séjour étudiants à 2 ans minimum : Même si les démarches administratives sont trop longues et durent 6 mois, les étudiant·es auraient encore 1 an et 6 mois de validité (au lieu de 6 mois à peine) pour travailler, voyager pour voir leurs familles, étudier…

  • Décentralisation effective du système d’octroi des titres de séjour : Donner plus de pouvoir aux communes, leur octroyer la compétence de traiter les dossiers et obtenir un processus plus clair et qui justifie systématiquement le transfert éventuel d’un dossier vers l’office des étrangers ou ailleurs afin d’alléger la charge administrative de l’office des étrangers et faire preuve de plus de transparence.

  • Retirer le facteur de lien de parenté des conditions pour devenir garant·e : Actuellement, si le·a garant·e est de nationalité hors Union européenne, iel doit obligatoirement prouver un lien de parenté au 3e degré avec l’étudiant·e en demande de titre de séjour. Ainsi, si un·e ami·e de la famille veut aider, iel ne le peut pas, tout comme si on n’a pas de famille proche, ou qu’on devient orphelin. Cela limite trop les possibilités.

  • Retirer la rétroactivité des lois concernant les conditions d’accès à un titre de séjour étudiant : Si l’étudiant·e arrive en Belgique avec un·e garant·e solvable mais que le seuil de solvabilité augmente 1 an plus tard, soudainement lae garant·e n’est plus solvable. Il faut empêcher ce changement en plein parcours : si quand j’arrive, je dois avoir un·e garante qui prouve avoir 2000 euros de salaire net, et que j’ai organisé tout le financement de mes études basé là dessus, augmenter ce seuil me met à risque de ne plus pouvoir continuer mes études et de recevoir une OQT ! Cela vaut pour tous les changements qui affecteraient notre accès ou non à un titre de séjour étudiant : les conditions ne doivent pas évoluer en plein milieu de nos études.

 

– Pharell Tachago, porte parole de la PLADE.

plade

 

Témoignages : Studio Baraka et la Voix des Sans-Papiers

Dessins réalisés par les artistes du studio BARAKA GRAFIKA

Découvre la page du studio sur Instagram

studio barakastudio baraka

 

Textes publiés par la Voix des Sans-Papiers :

La Voix des Sans Papiers sur Instagram

 

texte VSP voix des sans-papiers

 

 

Soutenir des associations qu luttent pour les droits des personnes « sans-papiers » :

Discours : Migrant·es, toustes égaux/égales ?

immigration égalité europe

NDLR : Lors de l’année scolaire 2023-2024, Arthur a rédigé cet essai oratoire dans le cadre de la préparation d’un tournoi d’éloquence organisé par son école à Waremme. Parmi les nombreux sujets proposés, il a choisi celui de l’immigration, il nous fait part ici du texte énoncé lors de sa prise de parole.

Madame la professeure, che·res camarades, cher·es ami·es.

Je viens vous poser une question : pensez-vous que les migrant·es, ces gens qui fuient la guerre, la misère, ou que sais-je encore, pensez-vous que ces gens sont pris au sérieux ici en Belgique ? Ou même plus largement, en Europe ? Moi je suis prêt à vous affirmer que non. Iels ne le sont pas.

Si je vous parlais des pauvres Ukrainien·nes qui fuient l’attaquant russe depuis plusieurs mois, il y a foule pour les accueillir. À tel point que le gouvernement a décidé d’offrir une indemnité aux Belges qui accueilleraient des Ukrainien·nes chez elleux. C’est très bien, me direz-vous, d’aider les plus démuni·es. Mais qu’en est-il des autres ? Oui, les autres ! À ces mots, vous m’entendez déjà dire : « Et nos SDF belges alors ? ». Mais non, je n’allais pas prendre cette voie. Ce que je veux vous dire aujourd’hui, c’est que des migrant·es, il y en avait déjà bien avant la guerre en Ukraine. Celleux à qui la commune de Waremme a attribué un bois. Oui, un bois. Celleux qui ont traversé la Méditerranée en bateau surchargé, qui ont sûrement aussi tout perdu, tant des objets que des proches, celleux qui, aussi, ont fui les bombes. Celleux-là, et voilà le problème : iels sont différent·es. Le voilà le mot dur, je vais le dire : iels souffrent pleinement du racisme. Là, le peuple s’indigne, on entend des : « Moi, raciste ? Certainement pas » ou encore des « Je ne suis pas raciste hein, mais quand même, faut me comprendre ». Car oui, la différence entre les Ukrainien·nes et les Syrien·nes, Somalien·nes, Erythréen·nes, ou d’où qu’iels viennent, c’est que les Ukrainien·nes, elleux, sont blanc·hes et chrétien·nes. Alors, on peut bien les accueillir, puisqu’iels sont comme nous.

N’avez-vous jamais entendu quelqu’un dire : « Oui mais les migrant·es, iels ont des téléphones et tout, donc c’est qu’iels ne sont pas si pauvres que ça ! ». Et ici se trouve mon deuxième argument. En plus de souffrir du racisme, voilà que la société les accable de préjugés. Des gens pensent d’elleux qu’iels viennent voler nos emplois et nous rendre chômeureuses. Si je n’avais pas de limite de temps, je suis sûr que je pourrais vous en parler pendant une heure. Or, voici déjà le moment de clôturer mon discours.

Nous sommes toustes immigré·es, il n’y a que le lieu de naissance qui change.

J’ai dit tout ce que j’avais à dire, ou presque, mais si vous ne deviez retenir qu’une seule chose, retenez celle-ci : nous sommes toustes immigré·es, il n’y a que le lieu de naissance qui change. Merci.

 


– Arthur Legan

Le gouvernement Arizona : quand la Belgique ferme ses portes et son cœur

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Avec la formation du gouvernement dit « Arizona », composé de la N-VA, du MR, du CD&V, de l’Open VLD et de Vooruit, la Belgique, autrefois saluée pour ses valeurs d’accueil, se ferme à la solidarité humaine, adoptant une politique migratoire brutale. Ce gouvernement de droite dure, obsédé par le contrôle, sacrifie les droits des migrant·es au profit de calculs électoraux. Loin de répondre à une « urgence », cette politique est un choix délibéré d’exclusion et de répression.

L’heure est grave : la résistance est indispensable !

Un programme de chasse aux migrant·es :

Le gouvernement Arizona déploie un arsenal de mesures liberticides pour précariser, criminaliser et expulser les migrant·es :

 

Asile, vers une fermeture totale :

Le gouvernement veut limiter les flux de demandeur·euses d’asile en réduisant les places d’accueil, déjà insuffisantes. Des milliers de personnes seront abandonnées, malgré les multiples condamnations de l’État pour son inaction. La Belgique, jadis terre d’accueil, se ferme et expulsera sans scrupule, même vers des zones de guerre. L’action politique est désormais guidée par une volonté d’exclusion et de dissuasion, méprisant le droit d’asile et les droits humains.

La Belgique, jadis terre d’accueil, se ferme et expulsera sans scrupule, même vers des zones de guerre.

 

Droit de vivre en famille piétiné :

Le regroupement familial deviendra de plus en plus compliqué, empêchant les proches de se retrouver sous prétexte de critères absurdes et inhumains (ex : conditions financières excessives, exigences de logement adéquat, tests d’intégration subjectifs ou restrictions arbitraires basées sur la nationalité). Une volonté manifeste de segmenter la population entre « bon·nes » et « mauvais·es » migrant·es, suivant une logique discriminatoire et excluante.

[…] segmenter la population entre « bon·nes » et « mauvais·es » migrant·es

 

Surveillance et répression accrues :

Le gouvernement Arizona prévoit d’augmenter les capacités de détention administrative en centres fermés et d’intensifier la chasse aux sans-papiers. Les rafles et les contrôles abusifs se multiplieront, soutenus par des accords avec des États « partenaires », rendant les expulsions plus expéditives et inhumaines.

 

Une régularisation enterrée :

Seules les personnes étrangères jugées « méritantes » selon des critères stricts (intégration et ressources suffisantes) auront un droit de séjour durable. Les sans-papiers sont condamné·es à la clandestinité et à l’exploitation. Les primo-arrivant·es devront attendre cinq ans pour pouvoir en bénéficier. Les réfugié·es n’y auront droit que s’iels suivent un parcours d’intégration renforcé.

 

Expulsions express et déportations massives :

Des accords douteux avec des régimes autoritaires permettront d’expulser des personnes vers des pays en guerre ou sous régimes oppressifs, déshumanisant celles et ceux qui fuient déjà la misère et la violence.

 

La société civile contre-attaque !

Face à cette politique xénophobe, la riposte s’organise. Associations, syndicats et citoyen·nes engagé·es refusent cette dérive autoritaire et réclament une politique migratoire basée sur l’accueil et la dignité. Médecins du Monde et la Ligue des Droits Humains dénoncent la mise en danger des populations vulnérables, et le CIRÉ accuse le gouvernement de créer un enfermement et une invisibilisation des migrant·es.

 

Un projet politique réactionnaire et raciste :

Ce gouvernement s’aligne sur les pires tendances européennes en matière de migration, nourrissant la peur de l’Autre et flattant les discours nationalistes. Il instaure une politique ultra-conditionnée : seules les personnes « méritantes » et disposant de ressources suffisantes auront accès à l’aide sociale, méprisant la réalité des parcours de vie des migrant·es. Les droits des migrant·es ne sont pas négociables. Ce gouvernement mène une offensive contre la dignité humaine. Il est ironique que le MR affiche un portrait de Martin Luther King sur son immeuble, tout en soutenant des politiques qui répriment et marginalisent les plus vulnérables. Une hypocrisie flagrante, au détriment des droits fondamentaux.

Il est ironique que le MR affiche un portrait de Martin Luther King sur son immeuble, tout en soutenant des politiques qui répriment et marginalisent les plus vulnérables

 

 


– Dilara Lüle

Immigration : À découvrir, lire, voir…

À lire :

Si la lune éclaire nos pas

« Si la lune éclaire nos pas » de Nadia Hashimi

Alors que Kaboul est aux mains des talibans, Fereiba et ses trois enfants se voient obligés de fuir l’Afghanistan. Ils prennent ensemble la route pour Londres avec le peu d’argent que Fereiba a pu mettre de côté. Commence alors un périple aussi interminable que déchirant. Bien que ce roman ait été écrit en 2016, il semble plus d’actualité que jamais. Il nous rappelle, avec dureté parfois, les épreuves traversées par des millions de gens pour une vie meilleure dans un pays où iels ne sont pas les bienvenu·es. Malgré tout, il offre aussi un message d’espoir en l’humanité.

– Lecture conseillée par Karelle Marneffe membre d’écolo j

 

 

 

Petit pays | Livraddict

« Petit pays » de Gaël Faye

Dans ce roman inspiré de sa vie, Gaël Faye nous raconte l’histoire de Gaby, un jeune garçon vivant au Burundi au début des années 90. Gaby semble vivre une vie paisible avec ses amis à Bujumbara. […] Mais quand le génocide frappe sa famille, Gaby ne peut plus fermer les yeux. Un récit bouleversant sur le génocide rwandais et l’innocence d’un enfant qui disparaît peu à peu jusqu’à se retrouver forcé à fuir son pays et sa famille. TW : Ce livre relate (parfois en détails) des faits violents ayant eu lieu pendant le génocide des Tutsis.

– Lecture conseillée par Karelle Marneffe membre d’écolo j

 

 

 

 

À voir : 

Lhistoire de Souleymane » de Boris Lojkine

L'Histoire de Souleymane - Film 2024 - AlloCiné

 

 

 

 

 

 

 

 

« Cash investigation – À qui profite l’immigration ? » disponible gratuitement sur YouTube ou sur le site de France Info

 

À écouter : 

« À leurs coprs dépendants », un documentaire sonore (podcast) réalisé par Anaïs Carton & Pauline Fonsny

Comme un appel à la liberté, ce documentaire met en lumière la réalité meurtrière des centres fermés et la nécessité d’y mettre un terme. Souhail, Rabia et Mado racontent la violence des politiques migratoires belges. L’un, depuis l’intérieur du centre fermé, évoque les violences physiques et psychologiques. L’autre, depuis l’extérieur, relate l’angoisse du risque quotidien de l’arrestation. Et la dernière, suite à sa « libération », raconte la peur, la colère et l’espoir.

 

 

Appel à rédaction pour le JUMP 30

appel rédaction jump 30 immigration

 

Le JUMP est le magazine d’écolo j à la fois en ligne et en impression papier. Pour chaque nouveau numéro, une thématique principale est séléctionnée et servira de fil rouge à tout le magazine (On retrouve même le thème dans les mots croisés/cachés à la fin du magazine !)

 

Rédiger un article, qui peut contribuer ?

Chaque membre d’écolo j, sympathisant·e et effectif·ve (plus d’infos ici si tu en as besoin).

Quelle forme doit prendre ton article ?

Aucune forme n’est imposée si ce n’est qu’il faut pouvoir coucher ta réalisation sur papier et que le nombre de caractères pour les articles sur la thématique est limité (détails plus bas).

Sens-toi libre de proposer :

  • Une réflexion intellectuelle, politique ou philosophique
  • Des dessins/BD militants
  • Un texte artistique et engagé
  • Le portrait de personnes inspirantes
  • Des interviews croisées…
  • Un témoignage
  • Des bons plans ciné/bédés/lectures (en rapport avec le sujet)

Deadlines :

Tu as jusqu’au 18 novembre pour valider avec Céline et Joël ta contribution (iels doivent veiller à l’équilibre de la publication: genre des auteur·trice·s, style de contribution, longueur…)

Tu as jusqu’au 25 novembre pour envoyer ton article à jump@ecoloj.be

Nombre de caractères :

Cela peut aller de quelques lignes à un format plus conséquent qui – s’il ne trouve pas sa place dans le journal à cause d’une longueur trop importante – se retrouvera de toute façon dans le blog Jump.

Pour les articles thématiques (Immigration, arriver en Belgique, centres, frontières, logement, racisme institutionnel, etc, …), l’idéal serait de tourner entre 2000 et 4400 caractères espaces compris (aller sur http://compteur-de-caracteres.com et cocher AVEC espaces)

J’ai envie de contribuer à ce numéro mais …

Tu n’as pas trop d’idées ? Tu n’as jamais rédigé et tu as peur de mal faire ? Cela te soulagerait d’avoir des conseils supplémentaires ? Tu serais rassuré·e d’en discuter avant de te lancer ?

Tu peux contacter Céline et Joël via jump@ecoloj.be, iels seront heureux.ses de t’aiguiller et d’échanger avec toi.

Le Jump, c’est quoi ?

C’est le magazine d’écolo j rempli d’articles de membres sur une thématique définie ensemble.

Le prochain numéro sortira fin janvier.

 

Motivé·e pour contribuer au prochain numéro et/ou poser tes questions ?

Contacte la team de rédacteurices en chef.fe via jump@ecoloj.be

Notre regard sur les handicaps, l’édito

BLOG JUMP EDITO 29

Dans cette édition du JUMP, nous avons souhaité permettre à nos membres qui sont atteints‧es d’un ou plusieurs handicaps – ou amené‧es à les connaître de par leur quotidien – de s’exprimer sur le sujet et de pouvoir adresser un message sur leur vécu, leurs difficultés face à la société et les éventuelles solutions proposées face à celles-ci.

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Les troubles d’apprentissages : qu’est-ce qui se cache derrière cette différence ?

Connaissez-vous Winston Churchill, Albert Einstein, Michel Ange, Thomas Edison, Gustave Flaubert, Pablo Picasso, Leonard Da Vinci, Bill Gates, Steven Spielberg, Mika, Johnny Halliday, Keira Knightley, Orlando Bloom, Lewis Hamilton, John Fitzgerald Kennedy, Georges Bush , Steve Jobs, , Roi Charles… ?

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Smart Cities, ce leurre néo-libéral

Smart cities, quid ? Depuis quelques années, le concept de Smart Cities prend de plus en plus de place dans les discours politiques et urbanistiques. L’objectif, clair et assumé, consiste à transformer la ville afin de l’optimiser et d’améliorer les services grâce à la technologie.

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